La construction durable est de plus en plus populaire et on peut désormais passer à un "niveau supérieur", celui de la construction circulaire. Il ne s'agit pas uniquement de techniques et de matériaux durables, mais également de flexibilité et de désassemblage. Comment s'assurer qu'un bâtiment pourra sans peine vivre une deuxième vie ? Nous l'avons demandé à Kris Blykers, du bureau d'architecture A-tract, de Hasselt.
- Voyez flexible. “La structure porteuse d'un bâtiment doit en principe tenir cent ans, mais son habillage doit être flexible. Les éléments secondaires tels que les revêtements de sol ou les murs de séparation peuvent être adaptés aux nouveaux besoins. Dans le passé, on ne prévoyait pas souvent cela. Un exemple significatif est celui d'une maison de repos dans laquelle les murs des chambres font partie de la structure porteuse. Si vous décidez de changer la superficie d'une chambre, les murs ne peuvent pas être enlevés ni déplacés. Ce problème est évitable si le concept de base est flexible."
- Choisissez de bons matériaux. “Un de mes matériaux favoris est le bois. Pas les poutres en bois traditionnelles, mais par exemple du bois d'ingénierie, ces grandes plaques de bois croisées et collées avec lesquelles on construit des murs de séparation et du plancher. Le bois capte beaucoup de CO2 dans l'air et, de plus, lorsque le bâtiment est démonté, les plaques peuvent à nouveau être utilisées."
- Evaluez le projet. “Les choix de conception que vous faites déterminent si vous pouvez intégrer rapidement les matériaux dans un cycle. Regardez par exemple la toiture d'un toit plat. Traditionnellement, l'entrepreneur collera les différentes couches du toit. Mais on peut tout aussi bien les poser les unes sur les autres et prévoir par dessus une couche de gravier pour maintenir le tout en place. Vous avez un doute quant à l'un de vos choix ? Faites-vous conseiller ou utilisez l'outil TOTEM, créé conjointement par le Service Public de Wallonie, Bruxelles Environnement et OVAM.”
- Choisissez des services adéquats. “La construction circulaire ouvre des possibilités de nouveaux modèles économiques. Un producteur peut par exemple offrir à ses clients un service éclairage plutôt que de vendre des lampes séparées. Dans le secteur de la construction, certains producteurs prennent déjà en charge de grosses plaques de béton de 2 x 2 m lors de la démolition d'un bâtiment commercial.”
- Parlez avec un démolisseur. “Discutez de certains choix de conception avec le représentant d'une entreprise de démolition. Une personne expérimentée peut rapidement dire si une séparation des matériaux est réalisable ou si elle demande trop de temps, d'argent ou de main-d'œuvre."
- Lancez-vous. “Si, pour démarrer une construction circulaire, on attend qu'un cadre officiel avec des normes et des procédures soit établi, cela risque de prendre beaucoup de temps. Démarrez donc votre projet, osez commettre des erreurs et osez surtout partager votre expérience avec les autres. Il n'y a pas de honte : plus on partage sur ce qui fonctionne ou pas, plus vite notre société fera des progrès."
- Vivez de façon circulaire. “La construction circulaire est un moyen, pas une fin en soi. Elle fait partie d'un ensemble plus vaste dans lequel les gens vont vivre autrement et voir leur village ou leur ville comme prolongement naturel de leur espace de vie, avec des laveries, des restaurants, des services de location de vélos... L'objectif final étant toujours de diminuer notre empreinte CO2.”