Fin des primes RENOLUTION : retour à la normale ou catastrophe ?

C’est un paradoxe que l’on pourrait qualifier de « bien belge » : alors que la rénovation énergétique du bâti bruxellois avait le vent en poupe grâce aux primes Renolution, plus aucune demande ne sera acceptée au-delà du 16 août. L’année 2023 avait vu un nombre record de près de 27.000 demandes acceptées et le budget des primes allouées à la rénovation par la Région Bruxelles Capitale avait été multiplié par 3 par rapport à 2019. Victime de leur succès, les primes seront donc prochainement bloquées. Un arrêt forcé qui passe mal pour Embuild, un des acteurs derrière le projet, qui craint la rupture de la dynamique durable insufflée dans la capitale. Circubuild revient sur les raisons et les conséquences d’une telle décision.

Une conséquence directe des élections

La gestion économique à Bruxelles était l’un des thèmes récurrents du Mouvement Réformateur lors de la précédente campagne électorale, qu’il jugeait bien trop généreuse. Après leur victoire historique sur le territoire bruxellois, la sanction ne s’est donc pas fait attendre.

 

Au fond, qu’est-ce qui posait vraiment problème ?

Pour motiver sa décision, le MR (et plus particulièrement David Leisterh, leur nouvel homme fort dans la capitale et pressenti pour le poste de ministre-président) a souligné « l’aspect aubaine » des primes Renolution, octroyées après accomplissement des travaux de rénovation énergétique. Selon le parti de centre-droit, celles-ci tendent donc à être utilisées comme des primes « bonus », pour de nouvelles consommations.

Pour contrer cet effet aubaine, le MR a tout de même laissé entendre que le système pourrait être prolongé pour les franges plus précarisées de la société, via un meilleur processus de ciblage. Ils n’ont pas cependant apporté plus de détails à ce sujet : aucune information sur les plafonds potentiels, l’organisation pratique ou encore l’agenda de cette continuation.

 

Embuild craint des conséquences désastreuses

Chez Embuild, l’association professionnelle du secteur de la construction, l’annonce de la fin des primes Renolution fait l’effet d’un gros coup sur la tête. On craint en effet que de nombreux ménages se retrouvent dans l’incapacité d’honorer des contrats déjà signés et débutés auprès d’entrepreneurs. « Cela pourrait même provoquer de nombreux conflits juridiques ou des faillites », explique-t-on chez Embuild.

De même, la fin des primes pourrait s’avérer désastreuse pour le secteur de la construction dans son ensemble. Cela pourrait pousser des ménages ou des entreprises à repousser, voire abandonner des projets de rénovation, ce qui causerait un fort ralentissement des activités, et donc des pertes d’emplois.

Enfin, l’arrêt brutal des primes Renolution envoie également un très mauvais signal sur le plan environnemental : la rénovation du bâti fait figure d’axe de travail crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, et peut servir de force motrice dans l’optique d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

 

Embuild s’en remet aux formateurs du prochain gouvernement

Dans son communiqué de presse, Embuild s’est adressé aux formateurs du prochain gouvernement, leur demandant de prendre mesure de la portée de cette décision :

« Le plus important, dans l’urgence, est de rassurer la population en promettant d’ores et déjà de faire une priorité de la continuité de ce système pour le nouveau Gouvernement en réallouant un budget pour les primes RENOLUTION avec une période accrue d'acceptation des primes. Cela permettra à toutes les personnes qui avaient tenu compte de ces primes dans leurs calculs de réaliser leurs travaux sans être pénalisées ».

L’association professionnelle de la construction a également déclaré prendre acte des reproches quant à l’organisation de primes, et se dit prête à collaborer avec les représentants du nouveau gouvernement en vue d’une réforme du système :

« Cette réforme aura pour objectifs d’éviter l’effet aubaine et accentuer les effets levier tout en conservant l’objectif initial de ce système de primes qui était de lisser dans le temps l'augmentation des chantiers de rénovation énergétique pour permettre au secteur de monter graduellement en capacité et surtout d'éviter que toutes les demandes arrivent au même moment à l'aube des premières obligations en 2033 en créant un effet d’accumulation ou de « dernière minute » auquel le secteur ne pourra pas répondre ».

 

A l’heure d’écrire ces lignes, le gouvernement n’a pas encore donné réponse aux demandes d’Embuild. Nous vous tiendrons informés du développement de la situation via nos canaux

 

Source: Embuild / L'Echo

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