L'immeuble en question, situé au 202 Boulevard Général Jacques (d'où le nom du projet), a été construit en 1961 en face de l'école de gendarmerie d'Ixelles (devenu aujourd'hui Usquare, ndlr). Avec ses 61 appartements, il était à l'origine destiné à loger les gendarmes mariés qui travaillaient à l'école de gendarmerie. Après avoir servi de logement temporaire pour lutter contre le phénomène de squat pendant plusieurs années, il a été décidé il y a quelque temps de rénover le bâtiment pour en faire un immeuble résidentiel. Celui-ci sera composé de différents types de logements sociaux conformes aux besoins et aux normes en vigueur dans la capitale, notamment des cuisines ouvertes sur l'espace de vie et des terrasses plus spacieuses. En outre, certains espaces communs devaient également être aménagés.

LA MAINTENANCE COMME ARCHITECTURE

Lors de la phase de conception, Karbon' architecture et urbanisme et Label architecture ont privilégié un réemploi maximal. Pour y parvenir, ils ont préalablement dressé un inventaire de tous les matériaux et procédé à des sondages et à une série d'inspections dans les appartements existants. Les bureaux d'études se sont inspirés de la notion de "maintenance comme architecture" de K. Berghmans et B. Robles Hidalgo, selon laquelle, au lieu de se concentrer sur la conception et l'innovation, la démarche architecturale actuelle peut être envisagée comme la maintenance et l'entretien des bâtiments existants.

Ainsi, ce n'est pas seulement la structure poteaux-poutres actuelle qui est réutilisée, mais aussi tous les autres matériaux et éléments qui sont encore en bon état, au même endroit ou ailleurs, ou encore sous une autre forme. Parmi ceux-ci figurent les cadres de fenêtres en aluminium, les portes intérieures, les plafonds suspendus, le mobilier sur mesure - qui sera toutefois rafraîchi par endroits - et les cuisines - qui seront repeintes et réparées là où cela s'avérera nécessaire, et recevront de nouveaux robinets et équipements électroménagers. La ventilation utilisera les gaines existantes.

Certaines portes intérieures seront déplacées. Les radiateurs et les baignoires en acier seront également démontés et remontés à un autre endroit, après inspection et nettoyage. Le revêtement de sol en place sera enlevé en raison de son mauvais état, mais les parties qui peuvent être réutilisées seront replacées sur le site. Le gravier de la toiture aura également une seconde vie ailleurs dans le projet.

LE CHANTIER COMME PLATE-FORME D'ÉCHANGE DE MATÉRIAUX

Ce qui confère au Général Jacques 202 un caractère particulièrement circulaire, c'est que le chantier sert de plate-forme d'échange de matériaux pendant la phase d'exécution des travaux : tous les matériaux qui ne sont pas réutilisés ou retraités sur place sont cédés à des entreprises spécialisées dans le réemploi et remplacés par des matériaux provenant de circuits similaires.

ISOLATION en Liège

Dans les quelques cas où de nouveaux matériaux ont tout de même été choisis, les architectes ont opté autant que possible pour la solution écologique. Pour isoler les nouvelles maisons de l'intérieur, par exemple, du liège expansé est utilisé en combinaison avec une finition murale étanche à la chaux.

Ici et là, des murs sont démolis ou de nouveaux murs sont élevés pour créer les différentes typologies d'habitations. Selon les architectes, la solidité de la structure existante permet toutefois une nouvelle intervention à l'avenir si un changement de fonction l'exige.

BILAN ÉNERGÉTIQUE DURABLE

Le bilan énergétique du Général Jacques 202 s'inscrit dans la lignée du reste du projet en raison de sa durabilité. Des panneaux solaires seront installés sur le toit, l'eau de pluie sera collectée et récupérée sur le site et les maisons seront ventilées avec un système de ventilation C. Dans un premier temps, les radiateurs existants resteront raccordés à l'isolation thermique existante, mais il y a de bons espoirs que le Général Jacques 202 puisse être rapidement raccordé au réseau de distribution de chaleur en cogénération de l'Usquare, situé de l'autre côté de la rue.

PRÊT POUR LA FIN DE L'ANNÉE 2025

Les maîtres d'ouvrage du projet, caractérisé sur le plan architectural par une rue intérieure et l'absence de façade avant et arrière claire, sont la Société Régionale du Logement de Bruxelles (SRLB) et la société immobilière BinHôme. Karbon' architecture et urbanisme et Label architecture ont fait appel à Ney & Partners WOW (stabilité), MK Engineering (techniques spéciales), Retrival (réemploi) et Carbonifère (aménagement paysager) pour les études nécessaires. L'entrepreneur général Jacques Delens est chargé de l'exécution des travaux. Le projet devrait être achevé fin 2025.