Une ressource biomasse très intéressante

L'herbe coupée est la biomasse la plus abondante au monde. Dans certains pays européens, sa valorisation est étudiée de près vu son caractère naturel (elle n'est pas cultivée). Il y a quinze ans, Stefan Grass (ça ne s'invente pas) a démontré et breveté les propriétés thermiques de panneaux d'isolation à base de fibres d'herbe. Cette technologie est aujourd'hui dans les mains de Christian Roggeman, CEO de la société Gramitherm. Depuis leur usine de Sambreville, ils sont les seuls au monde à produire des panneaux isolants à partir d'herbe coupée.

Une implantation qui ne doit rien au hasard, comme l'explique Christian Roggeman : "Aujourd'hui, nous sommes les seuls à monde à produire ces panneaux en fibres d'herbe et nous le faisons à Sambreville, explique-t-il. Un choix logique pour trois raisons: je suis Belge et diplômé de Solvay, Sambreville est un merveilleux centre logistique tant routier que fluvial et l'herbe vient de Flandre, principalement des bords de canaux en Campine."

Lorsqu'elle aura atteint sa pleine capacité, l'usine pourra produire 200.000 m3 de panneaux, ce qui correspond à 7.000 tonnes de fibres d'herbe et 35.000 tonnes d'herbe fauchée. Avantage supplémentaire, la production n'occasionne ni pertes ni déchets, puisque le jus d'herbe obtenu est utilisé pour la production de biogaz et fournit une partie de l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'usine.

Garanti pour 50 ans !

Le panneau Gramitherm a des propriétés uniques. Il régule l'humidité et la rejette sans se dégrader, ce qui permet à l'entreprise de garantir son produit pour 50 ans. Les panneaux isolent non seulement contre le froid aussi contre le chaud, tout en pouvant se targuer de présenter le meilleur bilan carbone de toute la filière.

Une conjoncture qui change la donne

Ces derniers mois ont vu l'envolée des prix de nombreux matériaux et matières premières, ainsi que celle des coûts de l'énergie. Cette situation particulière n'est pas très réjouissante de manière générale. Pour l'entreprise de panneaux biosourcés, elle s'avère cependant très profitable : autrefois plus chers que leurs concurrents moins écologiques, ils sont désormais bien plus prisés au vu de l'inflation énergétique.

Christian Roggeman : "La production de panneaux à base d'herbe coupée est faiblement énergivore puisque les fibres sont brûlées à 160° et passent trois minutes dans le four. A titre de comparaison la laine de verre, par exemple, le sable est brûlé à 1.300° pendant 48 heures".