Dans le podcast d'architectura.be sur l'évaluation des matériaux de construction circulaires, Kris Blykers de BLIEBERG architects of a circular economy a remis en question le label Cradle to Cradle. « Je crois très fort au principe de ‘rethinking’ : pour rendre le secteur du bâtiment et les bâtiments plus circulaires, nous devons repenser les systèmes et les produits de construction. Le Cradle to Cradle ne favorise pas cette remise en question, mais se concentre sur les produits existants. C'est dommage. » Maarten Lahaye de Gyproc, l'un des deux autres intervenants, n'était pas sur la même longueur d’ondes que l'architecte : « Au Cradle to Cradle Products Innovation Institute, ils ne seront sûrement pas d’accord avec cela. »
« L’analyse qu'un produit ou un système doit subir pour obtenir le label Cradle to Cradle est vraiment approfondie », a commenté le product manager de Gyproc. « Il n'est peut-être pas si difficile d'obtenir le label au départ, mais votre produit doit être recertifié tous les deux ans, démontrant ainsi que vous avez pris de nouvelles mesures en faveur d'une plus grande circularité. De cette façon, le label encourage bien le ‘rethinking’. »
Selon Maarten Lahaye, le label Cradle to Cradle n'est pas un certificat qui facilite le greenwashing. « Les gens doivent savoir qu'un tel certificat Cradle to Cradle comporte différents niveaux », a réagi Kris Blykers. « Un produit peut recevoir un certificat Cradle to Cradle Basic, Silver, Gold ou Platinum. Ce n'est que dans le cas du niveau Platinum que vous pouvez être sûr que le produit a vraiment un bon score de circularité sur pratiquement tous les critères de sélection. Ainsi, un projet comportant de nombreux éléments de construction certifiés ‘Cradle to Cradle Basic’ ne peut prétendre être 100% circulaire. »
Le fondateur de JUUNOO Chris van de Voorde, troisième intervenant du podcast, a également un avis critique sur le label Cradle to Cradle. « Le label Cradle to Cradle n'est pas attribué à certains produits parce qu'ils sont composés pour 0,0001 % du mauvais matériau, mais parfois, cela ne représente rien par rapport à l’ensemble. Par exemple, nous avons comparé nos propres produits, qui ont aujourd'hui un certificat Cradle to Cradle Silver, alors qu'ils n'étaient pas encore certifiés, avec des produits certifiés Cradle to Cradle Platinum au moyen d'une étude ACV et nous avons constaté que nos cloisons émettent 4 à 5 fois moins de CO2 sur 60 ans que ces produits Cradle to Cradle Platinum. »
Ce que Chris Van de Voorde trouve également regrettable, selon son intervention dans le podcast, c'est qu'il est extrêmement coûteux pour les start-ups ou les jeunes entreprises d'obtenir un certificat Cradle to Cradle. « Vous payez environ 15 000 euros pour l’analyse afin d'obtenir un label bronze et environ 10 000 euros pour chaque niveau supérieur. Je trouve que c'est très cher. Et souvent non envisageable pour les jeunes entreprises. »