La VUB s’efforce de gérer son patrimoine de manière durable. Dans cet esprit, elle a rénové un des célèbres blocs « prefabs » pour la première fois il y a quelques années. Ils avaient été construits dans les années 70 sur le campus de la VUB à Ixelles, en tant que résidences étudiantes, selon un concept de Willy van Der Meeren. La construction de ce qui allait devenir Circular Retrofit Lab, en collaboration avec divers entrepreneurs, bureaux d'études et fabricants, a fourni de nombreuses observations intéressantes sur ce qui est déjà possible aujourd'hui en matière de construction circulaire.

Mais il existe sur le campus d'autres résidences étudiantes de ce type, conçues par Willy Van Der Meeren - qui ont d'ailleurs été reconnues comme patrimoine architectural. En mai, la VUB transformera pour la deuxième fois un de ces blocs de bâtiments, cette fois-ci composé de 12 unités au lieu de 8. Le résultat doit devenir le Willy Van Der Meeren Living Lab. La construction et l'exploitation du bâtiment, qui offrira un espace pour des logements temporaires et des salles polyvalentes, seront utilisées pour tester en pratique des stratégies de rénovation innovantes prédéfinies qui se concentrent sur l'enveloppe du bâtiment, dans le but de les appliquer à d'autres bâtiments à rénover dans la région de Bruxelles-Capitale. Des stratégies qui sont par ailleurs évolutives.

ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE

La VUB a constitué une équipe composée de MAKER architecten, Origin Architecture & Engineering, Beneens, VK architects+engineers, VITO et JUUNOO pour l’élaboration des stratégies de rénovation par le biais d’une procédure de partenariat d'innovation. Les quatre stratégies de rénovation innovantes prennent en compte quatre aspects, mais chacun d'entre eux est pondéré différemment par rapport aux autres : durabilité, économie, énergie et patrimoine. L'équipe du projet dispose d’expertise théorique et d'expérience pratique nécessaires dans chacun de ces quatre aspects.

Chacune des quatre stratégies de rénovation déterminées s'est concentrée sur deux des quatre aspects mentionnés et a analysé leurs conséquences. Par exemple, l'accent mis sur le patrimoine et la durabilité peut se traduire par une conception axée sur la réversibilité : les interventions proposées sont facilement réversibles, laissant le patrimoine intact et la réutilisation future des matériaux réduisant l'impact environnemental.

En termes de durabilité, les critères suivants ont été évalués pour chacune des quatre stratégies de rénovation : l'impact sur l'environnement (l’outil Totem a été utilisé pour le calculer), les matériaux utilisés et le degré de « transformabilité » - mesurée via l'indice de démontabilité - de l'architecture. Pour l'aspect économique, les crières étaient les coûts de construction, le coût total de possession ou TCO et de l'emprise foncière. Pour l'aspect patrimonial, il s'agissait de la standardisation, de la lumière naturelle, de la flexibilité, de l'accessibilité, de la matérialité, du rythme de la façade et de l'intégration des couleurs. Et enfin pour l'aspect énergétique : la réactivité, l'adaptabilité, l'efficacité énergétique et la valeur U ont été évaluées pour chaque stratégie.

L’équipe de recherche a préparé des diagrammes en toile d'araignée pour comparer les quatre stratégies. En outre, elle a également construit une maquette, un module de façade a échelle réelle, à laquelle ont participé, entre autres, Jansen AG, Gramitherm, Aectual et Alumes.

En définitive, il s’est révélé logique d'appliquer trois des quatre stratégies lors de la transformation du bâtiment de Willy Van Der Meeren en Willy Van Der Meeren Living Lab, les conditions de trois des quatre stratégies étant en effet en place. Pendant la construction et aussi après, grâce au suivi, les effets des stratégies utilisées seront à nouveau évalués dans la pratique. La phase de construction et le suivi ultérieur apporteront donc une valeur ajoutée significative pour les autres bâtiments du campus mais aussi pour le vaste patrimoine d'après-guerre de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pour être clair, il n'est pas prévu qu'une des quatre stratégies, dont trois sont donc appliquées en pratique, l'emporte. Les quatre stratégies de rénovation élaborées par l'équipe de recherche sont toutes viables, mais la plus appropriée dépend du contexte. Par exemple, dans un projet mettant l’accent sur l'adaptabilité nécessitera une stratégie différente d’un projet où l'objectif principal sera un confort thermique élevé.

Bien entendu, les résultats de l'expérience pratique menée dans le cadre du Living Lab seront également enseignés aux futurs ingénieurs-architectes de la VUB, dont le programme a récemment inclus un cours obligatoire sur la construction circulaire.

PRÊT D'ICI LA FIN DE L'ANNÉE

« L'enveloppe du bâtiment est l'un des principaux défis circulaires de l'avenir », a déclaré l'équipe de recherche. « Les exigences auxquelles doit répondre l'enveloppe d'un bâtiment changent plus régulièrement qu'il y a 50 ans. Nous ne savons pas aujourd'hui à quoi ressemblera l'enveloppe des bâtiments dans cinq ans. Les exigences en matière d'acoustique et d'isolation sont de plus en plus strictes, et des techniques comme les protections solaires et la ventilation font de plus en plus partie de la façade. En d'autres termes, il est possible qu'une enveloppe de bâtiment fabriquée aujourd'hui selon les exigences actuelles soit obsolète d'ici dix ans. C'est pourquoi, avec ce projet, nous avons voulu déterminer quelles structures de façade circulaire offrent la possibilité de s'adapter à l'évolution des besoins et sont les plus résilientes, grâce notamment à une stratification en fonction des cycles de vie des différentes couches ».

Le Living Lab Willy Van Der Meeren devrait être terminé d'ici la fin de l'année.

Ce projet de recherche fait partie du projet FEDER Living Labs Brussels Retrofit, qui vise à promouvoir la rénovation des logements bruxellois en créant des espaces dédiés à l'expérimentation et à l'innovation, appelés living labs. Il s’agit d’environnements de test où des groupes multidisciplinaires travaillent ensemble pour développer, tester et mettre en œuvre des innovations technologiques ou organisationnelles répondant aux défis posés par la rénovation énergétique des logements. Living Labs Brussels Retrofit est soutenu financièrement par Innoviris, le Fonds européen de développement régional (FEDER) et la Région de Bruxelles-Capitale.