Le Circubuild Award remis à REPLIC

Tradecowall a récemment remis le Circubuild Award à Replic, le centre de REcyclage du PLâtre à destination des Industries Cimentières, situé dans le Port Autonome de Pecq, entre Tournai et Mouscron. La coopérative carolo a souligné l’impact positif de Replic dans la quête d’un secteur de la construction durable : « Nous sommes très attachés à l’innovation en matière de gestion des déchets de déconstruction. Le projet Replic est non seulement un projet Public-Privé, ce qui correspond à notre ADN, mais également une initiative qui répond à un réel besoin de création de nouvelle filière de gestion de déchets en Wallonie », a déclaré Thibaut Mariage, directeur QHSE chez Tradecowall.

Pour Circubuild, je me suis entretenu avec Nathalie Remy, chargée de communication au sein de l’intercommunale Ipalle, et Vincent Van Leynseele, Administrateur de Replic, pour en apprendre plus sur ce centre, unique en Europe. Extraits choisis.

Replic est le fruit d’un partenariat public-privé unissant Ipalle, Veolia et Cogetrina, avec, dans un premier temps, le traitement du plâtre collecté par chacune des trois structures associées, avant de le réintégrer dans le circuit, comme l’explique Nathalie Remy : « Le plâtre sortant du centre de recyclage de Pecq est destiné aux cimentiers locaux. Nous sommes implantés dans une région où l’industrie cimentière est fort développée, avec la présence notamment de la CCB[1] et de plusieurs cimenteries importantes. Le plâtre y est utilisé comme élément retardateur dans la prise du ciment. A côté, nous fournissons également l’industrie du plâtre elle-même et des entreprises actives dans le secteur de la construction durable ».

Le partenariat public-privé prend tout son sens dans ce projet car il offre plusieurs avantages : la mise en commun des ressources, des expertises et des apports financiers de chacun, mais aussi la garantie d’apports de volumes partagés. En outre, le projet a aussi pu compter sur un soutien de la Région Wallonne.

En termes pratiques, le plâtre provient, entre autres, de recyparcs situés dans le Hainaut et à Liège ; il est ensuite acheminé au centre de recyclage de Pecq. Ce dernier jouit d’une situation géographique stratégique à la frontière entre Wallonie, Flandre et Nord de la France, et le long d’une voix navigable qui permet un transport multimodal.

 

Un produit recyclé aussi performant qu’un produit neuf ?

Le plâtre est connu et reconnu pour son aspect durable, puisqu’il est recyclable à l’infini. Très utilisé dans le secteur de la construction, il est donc essentiel de le recycler au maximum, afin d’éviter de consommer des matières premières inutilement.

S’il existe plusieurs centres de recyclage de plâtre en Europe, celui de Pecq se démarque par la qualité des produits sortants. « Le qualité du plâtre des produits finis est très proche de celle du plâtre naturel, avec une très faible présence de résidus, qui consistent essentiellement de restes de papier collés sur le plâtre. La qualité du produit recyclé est telle que le plâtre obtenu peut être directement réintégré dans les process des industries cimentières, voire dans ceux d’entreprises de production de plâtre. Je pense ici particulièrement à l’entreprise Knauf, qui nous apporte ses matériaux déclassés, que nous traitons spécifiquement. Le plâtre récupéré est ensuite directement remis dans leur ligne de production. C’est véritablement le niveau de pureté du plâtre recyclé qui rend le centre de Pecq unique en Europe », confirme Vincent Van Leynseele.

 

Un développement à plus grande échelle

Lancé comme un projet-pilote industriel, Replic pourrait facilement passer en phase de production industrielle, si ce n’était que pour un élément qui fait encore défaut aujourd’hui : « Tout est prêt pour passer à l’étape supérieure, il nous manque simplement de la quantité de produit entrant. Nous avons actuellement une capacité entrante de 5 à 6.000 tonnes annuelles, alors qu’il faudrait atteindre 10 à 15.000 tonnes pour développer une phase industrielle globale », explique Vincent Van Leynseele.

Pour atteindre cet objectif, Replic compte sur une adaptation de la législation en Belgique, qui pourrait faciliter le traitement du plâtre : « Nous voyons une amélioration en Wallonie, mais qui est encore fort lente, si nous la comparons avec la situation française. Le gouvernement français a adopté des obligations de reprise sur les matériaux de construction, dont le plâtre. Il faudrait donc pour la Belgique de telles mesures d’obligation de séparation et de tri des déchets industriels à la source, parce qu’une fois qu’ils sont mélangés, il devient difficile ou très couteux de les traiter. Un arrêté sur ce point est d’ailleurs en cours de développement, et nous espérons qu’il verra le jour sous cette législature ou la suivante », ajoute Vincent Van Leynseele.

 

Plusieurs chaînes de valorisations impactées

« Doter la Wallonie d’un centre avec un tel niveau de performance pour la filière plâtre, c’est également un signal fort pour le secteur de la construction, pour encourager tous les acteurs à renforcer leur tri de matériaux usagés », déclare Nathalie Remy.

De plus, le plâtre est un matériau « polluant » dans d’autres filières de recyclage et de valorisation, d’où l’importance capitale de renforcer le tri et la collecte sélectifs de déchets de construction. Par exemple, le plâtre a un impact négatif sur la qualité des granulats dans la filière de valorisation des granulats de construction. De même, le plâtre pose problème pour les circuits de valorisation énergétique, car sa teneur en souffre rend les fumées de combustion extrêmement nocives.

Le traitement efficace des déchets de plâtre est donc essentiel, car il s’intègre dans une gestion globale de plusieurs autres matériaux, et peut donc contribuer à l’amélioration de plusieurs chaînes de valorisation.

 

 

Toutes nos félicitations encore à Replic. Comme les précédents lauréats, Replic devra donc à son tour désigner le prochain vainqueur du Circubuild Award. En effet, pour rappel, il s’agit d’un trophée dynamique et itinérant : son 'propriétaire' - après avoir enlevé l'un des éléments de réemploi qui compose le trophée - le transmet par la suite à une entreprise, une association, un organisme, un bureau d'architectes ou d'études, une personne... particulièrement et activement en phase avec l'application des principes de l'économie circulaire dans la construction.

 

[1] CCB : Compagnie des Cimentiers de Belgique

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