Le projet de rénovation dantesque du célèbre lotissement classé "Park Hill"

Une palette de vert, de bleu et de violet anime la dernière phase du réaménagement du domaine de Park Hill à Sheffield, récemment achevée par le studio Mikhail Riches, lauréat du prix Stirling.

Le bureau d’architecture londonien Mikhail Riches a créé 195 logements contemporains dans les quatre ailes du bâtiment brutaliste (de classe II*) tout en préservant autant que possible le tissu d'origine. Le projet de restauration ne représente pas seulement une initiative de conservation du patrimoine, en mettant notamment l’accent sur l’amélioration des performances énergétiques du complexe.

Construit entre 1957 et 1961, Park Hill est un ancien lotissement de logements sociaux conçu par les architectes Ivor Smith et Jack Lynn pour le conseil municipal de Sheffield. Il est surtout connu pour sa configuration dite de "streets in the sky" et sa structure en béton quadrillée.

Après des années de dépérissement, le promoteur immobilier Urban Splash a remporté un contrat pour le rénover en 2004. Le processus a débuté avec la phase 1, imaginée par les bureaux Hawkins\Brown et Studio Egret West. La première partie de la rénovation a été inaugurée en 2013 et avait été présélectionnée pour le Stirling Prize la même année.

 

Patrimoine et performances énergétiques

« La réussite (de la phase 1) nous a permis de restaurer fidèlement le bâtiment en conservant autant que possible l’enveloppe existante », explique Alim Saleh, partenaire associé chez Mikhail Riches. « Il était important pour nous de ne pas seulement restaurer la beauté originale de la brique et de l'armature en béton, mais de travailler avec le tissu existant de manière durable avec des réparations ciblées », ajoute A. Saleh pour Dezeen. Outre la préservation de la structure d'origine du bâtiment, l'un des principaux objectifs du bureau Mikhail Riches pour la rénovation était d'améliorer ses performances énergétiques et de réduire les ponts thermiques grâce à l'isolation.

Cependant, Alim Saleh explique que cela s’était avéré difficile en raison du statut protégé de l'enveloppe en béton, ainsi que des contraintes du bâtiment existant, comme ses plafonds très bas et sa structure existante qui « n'est pas aussi répétitive qu'elle en a l'air ».

« Le plus grand défi a été de réduire les ponts thermiques tout en respectant les contraintes d'une conception très spécifique », explique-t-il. « Le fait que le bâtiment soit évalué comme ‘Classe II*’ signifie que le revêtement en béton, qui agit comme un pont thermique conséquent, n'est pas une option », poursuit-il. « Nous devions isoler les deux faces du béton dans chaque pièce ».

L'une des principales zones nécessitant une isolation était l'embrasure des balcons, qui s'est avérée être l'un des pires éléments de construction en termes de perte de chaleur incontrôlée lors d'une étude thermique, menée pendant la phase 1.

Pour lutter contre ce problème, le bureau d’architecture a installé des panneaux isolants sur les balcons. Ceux-ci sont finis dans des couleurs sélectionnées dans une « palette du milieu du siècle, mêlant bleu, vert et violet », choisies pour compléter les tons terreux de la maçonnerie existante qui s'insère entre les cadres en béton.

Tout en contribuant à l'isolation du bâtiment, ces panneaux colorés ont également pour but d'ajouter une identité unique à chacun des appartements, en s'inspirant de la façon dont les résidents actuels et précédents ont adapté leur maison au fil des ans. « Nous avons remarqué que les gens avaient commencé à peindre leurs balcon pour redonner un sentiment d'identité aux appartements », explique Alim Saleh. « Nous voulions que quelqu'un puisse désigner un balcon de son building, et dire « le bleu, c’est chez moi ».

Les améliorations apportées à l'ensemble de l’enveloppe ont permis d'améliorer suffisamment l'efficacité énergétique du bâtiment pour que la production d'électricité soit rentable pour l'ensemble du bâtiment. En outre, son empreinte carbone annuelle a été réduite de 151 à 20 kilogrammes de CO2 par mètre carré, soit une amélioration de 87 %, selon un calcul carbone sur l'ensemble du cycle de vie menée par Useful Simple Trust.

 

Des Intérieurs harmonieux

À l'intérieur des appartements rénovés, la phase 2 de la rénovation prévoyait en effet 36 types d'appartements différents, allant des appartements à un chambre aux studios et pavillons, qui remplacent la configuration d'origine qui "ne répondaient pas aux normes d'espace modernes".

« Tous les appartements disposent désormais de généreux espaces de vie ouverts, orientés de manière à profiter des meilleures vues », détaille Alim Saleh. « Le résultat est 195 nouvelles maisons qui s'adresse à un large éventail de résidents, donnant à plus de gens un endroit dans lequel ils peuvent vivre, travailler et se divertir. »

Il y a également environ 2 000 mètres carrés d'espace commercial. La conception intérieure est cohérente dans toute la phase 2 et vise à rendre hommage au bâtiment original des années 1960. Elle comprend les menuiseries vert sombre qui ajoute de la chaleur au cadre en béton apparent tout en complétant la palette de couleurs du milieu du siècle des portes et des balcons.

 

Encore loin du but

Park Hill est la plus grande structure classée d'Europe et sa restauration a été divisée en cinq phases. La phase 3, récemment achevée par Whittam Cox Architects, a consisté à transformer cinq ailes en logements étudiants dans une palette de couleurs inspirée par Le Corbusier. Le prochain développement sera la phase 4, qui comprendra une galerie d'art et un ensemble de de studios conçus par Carmody Groarke.

Source: Dezeen

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