Le virage circulaire : « La standardisation ne conduit pas à une architecture ennuyeuse »

La transition du secteur de la construction de linéaire à circulaire nécessite de nombreux changements dans la façon dont nous construisons et pensons la construction. Dans le cadre de ses recherches sur l'impact environnemental et financier des solutions de construction circulaire, Lisa Van Gulck, doctorante à l'Université de Gand dans le groupe de recherche Physique du bâtiment, entre en contact avec d'innombrables aspects de la construction circulaire par le biais de conférences, d'études bibliographiques, de conversations avec des acteurs du bâtiment... Dans une série de chroniques sur Circubuild, elle pointera à chaque fois un changement important nécessaire pour évoluer vers un secteur de la construction circulaire. Aujourd'hui : la standardisation en architecture. Selon Lisa, la standardisation est nécessaire pour rendre possible la construction circulaire et ne conduit pas, comme on le prétend souvent, à une architecture ennuyeuse, mais plutôt à un nouveau type de créativité.  

L'idée d'une architecture standardisée ne semble pas être compatible avec notre désir de créer des bâtiments uniques. Actuellement, nos bâtiments sont conçus à partir de zéro et sont personnalisés à chaque fois. Le résultat est un parc immobilier très diversifié, ce qui engendre des contraintes. De grandes opérations de rénovation sont impossibles, car chaque solution doit être adaptée à un bâtiment spécifique. Dans le cadre de la stratégie de construction circulaire, les bâtiments existants sont considérés comme une source de matériaux réutilisables. Cependant, il est souvent difficile de transférer des composants et des matériaux d'un bâtiment à l'autre sur une base individuelle pour la raison mentionnée ci-dessus. Les modifications nécessaires rendent la réutilisation moins attrayante.

La normalisation, entendue ici comme une uniformisation des composants, peut apporter une solution à ces défis. Cela signifie-t-il que nous allons tous vivre dans les mêmes maisons ou travailler dans les mêmes bureaux ? Devons-nous vivre et craindre un monde où tous les bâtiments sont identiques, sans aucune forme d'unicité ou de créativité ?

Non, certainement pas. La normalisation fonctionne à différents niveaux et n'aboutit pas à toute une série de maisons qui sont des copies les unes des autres. Il y a cependant quelque chose à dire sur le sentiment d'harmonie et d'interconnexion qui peut être créé en appliquant ce niveau de standardisation de la bonne manière. Il suffit de penser aux cités-jardins du passé.


Bâtiments flexibles

La standardisation est l'idée de concevoir un bâtiment et ses composants en utilisant un système de formats et de formes uniformisé. Cela peut aller du dimensionnement des bâtiments sur la base d'une matrice déterminée à l'utilisation de connexions standardisées qui ne nécessitent pas de connaissances ou d'outils spécialisés.

La standardisation permet de créer des bâtiments flexibles, plus faciles à réutiliser et à rénover, et dont les composants et les matériaux sont plus faciles à échanger. La personnalisation exige beaucoup de réflexion et de travail de conception et crée souvent des problèmes sur le chantier. Grâce à la standardisation, le processus de construction peut être achevé plus rapidement et donc à moindre coût.

Quiconque prétend que la standardisation conduit à une architecture ennuyeuse passe à côté de l'essentiel. La standardisation offre des opportunités en termes de circularité, mais fournit également au concepteur un nouveau cadre de travail. Ce nouveau cadre ne doit pas être considéré comme une restriction, mais comme un défi pour un nouveau type de créativité. Dans le cadre de la standardisation, les possibilités de réaliser des projets sont infinies. Pensez aux briques LEGO : ce sont des blocs de construction modulaires avec un nombre limité de dimensions différentes qui permettent néanmoins des combinaisons infinies. La popularité des FIRST LEGO League Challenges et les nombreux clubs de passionnés de LEGO en sont la preuve.


Un moyen et non un but

La standardisation n'est pas un but en soi, mais un moyen de créer de la valeur et de la qualité. La standardisation rend la construction circulaire plus réalisable et plus abordable et garantit une plus longue durée de vie aux bâtiments, à leurs éléments et à leurs matériaux. Elle exige une nouvelle façon de concevoir et constitue un appel à la créativité. Mais surtout : la standardisation permet encore de créer une architecture de qualité, tant au niveau de la perception que de la responsabilité vis-à-vis du climat.

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