Liesbeth Reekmans (Group IDEWE) : « Sur le marché des bureaux, l'approche circulaire est une nécessité »

Selon Liesbeth Reekmans, responsable du département Bâtiment et Construction au sein du Groupe IDEWE, « sur le marché des bureaux, afin d'éviter le gaspillage de matériaux et d'espace, une approche circulaire est nécessaire. » 

 

Quelles leçons peut-on tirer de la crise sanitaire en matière de conception et d'organisation de l'environnement de bureau ?

La crise sanitaire a prouvé que le télétravail est possible et même, dans certains cas, meilleur. Le bureau est cependant le lieu où vit la culture d'une entreprise. De nombreuses entreprises autoriseront (davantage) le travail hybride pour leurs travailleurs : travail à domicile lorsque les activités le permettent ou l'exigent, au bureau lorsque les employés doivent collaborer et innover.

Il n'existe pas de formule unique pour tous les employés ou toutes les entreprises. La nouvelle méthode de travail (new way of working) doit être adaptée à l'organisation et à l'individu. Dans tous les cas, les entreprises ont intérêt à aligner leur vision du travail, et donc de l'environnement de travail, sur les objectifs de l'entreprise. Dans la plupart des cas, et certainement depuis la crise sanitaire, cela nécessite une adaptation de l'environnement de travail. Le lieu de travail doit inviter les employés à s'engager en toute confiance dans les activités prévues. Dans la pratique, cela signifie que de nombreuses PME ne renonceront pas à une partie de leur superficie de bureaux, mais les aménageront différemment.

Les bureaux se prêtent-ils bien à une approche circulaire ? Pourquoi (pas) ?

Oui, en effet. Les bureaux doivent être de plus en plus flexibles. La flexibilité est un aspect important pour surmonter la diminution de la valeur des biens immobiliers et pour adapter l'infrastructure aux besoins changeants des utilisateurs. De nombreux bureaux ne répondent pas aux besoins fonctionnels, techniques et esthétiques d'un bon lieu de travail. Nous constatons que les bureaux sont ou doivent être rénovés plus rapidement que le vieillissement physique dû à l'utilisation ou à l'usure. Pour éviter que les matériaux et l'espace ne continuent à être gaspillés inutilement à l'avenir, une approche circulaire sur le marché immobilier des bureaux est donc nécessaire. Cela commence par la conception de la structure porteuse du bâtiment, de la façade et des toitures, puis s'applique aux techniques et à l'aménagement de l'espace, et se termine par l'aménagement intérieur et le mobilier.

Que faudrait-il faire pour que la circularité soit plus répandue dans la conception des bureaux ?

Je pense à davantage de partage de connaissances, entre autres par le biais de projets exemplaires, d'incitations sous forme de soutien financier, de prix, ... Une meilleure expérience a déjà été acquise dans les projets, mais les connaissances à ce sujet doivent être partagées davantage, non seulement avec les professionnels du bâtiment tels que les architectes et les entrepreneurs, mais aussi avec le grand public, les maîtres d'ouvrage, ...

Une des principales pierres d'achoppement est la perspective de temps et le coût supplémentaire. Les maîtres d'ouvrage ne voient pas immédiatement la valeur ajoutée de la construction circulaire et/ou ne réalisent pas que les matières premières sont limitées. Le coût supplémentaire de la construction circulaire est significatif et ne se traduit pas dans un business plan intéressant à court terme. Il devrait y avoir plus d'informations à ce sujet et elles devraient être davantage diffusées. Par ailleurs, des incitations financières, ou éventuellement des adaptations de la réglementation, pourraient également constituer un levier.

Quelle est pour vous l'essence du new way of working ?

Pour les employés, un bâtiment est leur premier et leur plus important outil de travail. L'influence de l'environnement bâti sur le bien-être et la santé des employés est particulièrement importante. Nos lieux de travail actuels sont conçus de manière à privilégier l'efficacité mécanique plutôt que le bien-être. Les lieux de travail qui font correspondre les activités des employés à leurs besoins et à leurs préférences sont plus efficacement utilisés et conduisent à de meilleures performances. Le fonctionnement efficace des processus de travail, qui se traduit par une productivité et une satisfaction professionnelle accrues, peut être stimulé par un alignement correct des objectifs organisationnels, d'une part, et des aménagements, d'autre part.

Pour définir le nouvel aménagement du lieu de travail en fonction de la nouvelle façon de travailler, nous appliquons chez IDEWE le modèle 3B - briques, bytes and behavior - : dans la recherche du bon aménagement du lieu de travail (briques), nous jaugeons également le comportement et ce dont les employés ont besoin pour se sentir chez eux dans la nouvelle façon de travailler (behavior) et de quelle numérisation ils ont besoin pour cela (bytes).

Que faut-il faire pour généraliser les principes du new way of working ?

Dans chaque entreprise, il faut instaurer une collaboration entre les personnes-clés jouant un rôle dans ce domaine : les Facility Managers, les responsables des ressources humaines, les responsables informatiques, des cadres et des collaborateurs. La voie à suivre est de travailler en cocréation pour définir les besoins du lieu de travail.

Y a-t-il un projet de référence récent de votre société qui met cette philosophie en pratique ?

Chez IDEWE, nous aidons plus de 35 000 employeurs et 822 000 employés à créer un environnement de travail sain et sûr. Lorsque nous sommes impliqués dans la conception d'un nouvel environnement de travail, nous appliquons toujours la même stratégie. Nous partons de la vision que l'entreprise ou la société a concernant la nouvelle façon de travailler mais aussi des formes hybrides de travail, des activités des employés et de la structure organisationnelle. Nous sondons les besoins des utilisateurs de manière participative, au moyen d'une enquête numérique sur les besoins et d'une enquête interactive lors d'une session de brainstorming. En outre, nous nous appuyons sur de nombreux rapports de nos visites et d'interventions des employés eux-mêmes.

Dans la phase suivante, les résultats de l'enquête sont traduits en une note conceptuelle. Une bonne note conceptuelle est la bonne façon de commencer le processus de conception. En plus d'une stratégie concernant le lieu de travail et d'un programme des exigences, la note conceptuelle contient également un plan des différents étages. La première détermine comment le travail est effectué dans le temps et l'espace. Le deuxième est une description très détaillée des fonctions, tant spatiales que techniques, qui doivent être présentes : les activités, les postes de travail, l'espace de travail disponible et les paramètres de confort. Le troisième est une première transposition de la stratégie du lieu de travail et du programme des exigences en une conception. La note conceptuelle servira de base à l'élaboration de la conception, à l'établissement du budget et à la planification, et elle sert d'instrument de contrôle dans la phase de conception.

Nous avons appliqué cette stratégie entre autres au nouvel hôtel de ville de Beringen et au bureau régional d'IDEWE à Turnhout. Nous y avons appliqué les principes de la norme WELL Building pendant le processus de conception et de construction et intégré les stratégies pendant l'exploitation afin d'optimiser la maintenance du bâtiment et le soutien aux employés. Lors de l'intégration de la norme WELL Building dans un projet, il est important d'impliquer toutes les parties prenantes internes et externes dès le début. Les critères sont vérifiés quant à leur faisabilité et discutés au sein de l'équipe de construction et avec le personnel interne des RH. Pendant la construction et surtout lors de la livraison, des mesures sont effectuées pour vérifier les exigences de performance. Le contrôle continu des paramètres et les informations sur la qualité du bâtiment permettent de s'assurer que le bâtiment fonctionne comme il se doit.

 

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