Lionel Devlieger (Rotor) participait récemment à 'Wat houdt ons tegen?' sur la chaîne flamande Canvas. Dans cette émission, on tente de comprendre à quoi est due la crise climatique et naturelle actuelle, et le rôle que peut jouer le secteur de la construction dans la transition vers un monde plus circulaire.
« Le processus de production du béton consiste à brûler de l'argile d'une part et du calcaire d'autre part », a expliqué Lionel Devlieger. « Et pour cela, il faut utiliser une énorme quantité de combustible. Une importante quantité de CO2 est libérée lors de la fabrication de ce combustible, et plus encore lorsque le calcaire est brûlé. De cette façon, vous obtenez une double émission de CO2. Ainsi, si l'on voulait un jour concevoir un canon à CO2, il ressemblerait vraiment à un four à ciment. Les producteurs de béton sont bien conscients de ce problème, qui n'est pas facile à résoudre car le processus de production du béton est très particulier. »
Selon Jill Peeters, présentatrice de l'émission, la population mondiale continuera d'augmenter pendant encore quelques décennies et, pour arriver à loger tout ce monde, il faudrait par mois l'équivalent d'une (nouvelle) ville de New York. Il est donc absurde, pour Jill Peeters, de démolir aujourd'hui des bâtiments qui sont en fait encore en bon état. 'Fast real estate' (de l'immobilier rapide), comme l'appelle Lionel Devlieger. « Tout comme dans l'industrie de la mode, les bâtiments ont toujours été développés comme s'inscrivant dans une culture du jetable. Des bâtiments conçus il y a 25 ou 30 ans sont aujourd'hui démolis parce qu'ils ne correspondent plus à l'image que le propriétaire veut avoir ou donner. Les pouvoirs publics peuvent pourtant intervenir dans ce domaine en refusant, par exemple, les permis de démolition. C'est ce qui se passe déjà à Paris. Bruxelles joue également un rôle de pionnier dans ce domaine. Ces exemples montrent qu'il est tout à fait possible de se diriger vers une rénovation plutôt que d'opter pour la démolition et à la reconstruction. »
La Tour Multi, projet exemplaire
Lionel Devlieger évoque la tour Multi à Bruxelles, un projet circulaire dans lequel Rotor est impliquée. L'ingénieur-architecte Valerié Vermandel, de Whitewood, a expliqué le caractère durable de ce grand projet de rénovation : « 89% du bâtiment ont été conservés, ce qui représente une économie de 110 000 tonnes de béton, soit une économie de 25 000 tonnes de CO2. Si j'utilise une image, c'est l'équivalent des émissions produites en faisant 5 000 fois le tour du monde en voiture ! »
Lionel Devlieger explique simplement pourquoi on continue à utiliser du béton neuf dans certains projets : « Aujourd'hui, un litre de béton coûte moins cher qu'un litre d'eau pétillante. Il faut vraiment que cela change de toute urgence. »
Le bon exemple de la production d'acier
Dans cette émission, il a également été question d'ArcelorMittal, qui a décidé de réduire considérablement l'impact environnemental de l'acier en mettant en service un tout nouveau haut fourneau dans son usine de Gand. Le nouveau four fonctionne à l'hydrogène vert et devrait servir d'exemple au reste du monde. « L'une des raisons pour lesquelles je suis enthousiaste est que des secteurs tels que les industries de l'acier et du ciment démontrent que, sur le plan technologique, il existe de réelles possibilités de rendre ces secteurs climatiquement neutres d'ici 2050, alors que l'on a toujours pensé le contraire », a expliqué Tomas Wyns, expert en politique climatique.