Masterbloc lance la production de blocs de construction circulaires avec du C02 comme agent de liaison

Après des années de recherche et de travail en laboratoire, ils sont enfin là : les premiers blocs de construction circulaires, utilisant le CO2 comme agent de liaison à la place du ciment, sont une réalité. Orbix, une entreprise spécialisée zéro-déchet de Genk, et Masterbloc, un producteur de matériaux de construction basé à Maasmechelen, ont réussi à industrialiser la technologie Carbstone. Ce faisant, les entrepreneurs limbourgeois offrent à de nombreux secteurs une alternative d'avenir à la brique de béton classique. D’ailleurs, l'entrepreneur général Vanhout rénove actuellement un immeuble de bureaux de Cofinimmo à Malines avec les blocs circulaires.

 

Des blocs de construction qui absorbent le CO2 lors du processus de production au lieu d’en émettre, et qui eux-mêmes capturent et retiennent le CO2 contenu dans l'air ? Il ne s'agit pas de science-fiction, mais bien de la réalité. Masterbloc produit désormais des briques durables pour murs intérieurs basées sur la technologie Carbstone d'Orbix qui offre les avantages susmentionnés. Et ce à échelle industrielle. Les deux entreprises franchissent ainsi un nouveau cap, et pavent parfaitement la voie pour une construction circulaire avec des produits résiduels provenant de diverses industries.

La technologie Carbstone d'Orbix a été brevetée en 2011 et convertit les résidus métalliques issus de la production d'acier en produits circulaires à valeur ajoutée grâce au dioxyde de carbone. Le CO2 agit comme agent de liaison, rendant le ciment inutile. Ce qui n'est pas négligeable, car la production de ciment représente environ 10 % des émissions mondiales de CO2. La technologie Carbstone permet de fabriquer de nombreux matériaux de construction circulaires et ce sans émission de CO2, des carrelages aux briques de parement en passant par les tuiles de toit et les blocs de construction. En ce moment, les premiers blocs de construction résilients sortent de la chaîne de production de Masterbloc.

 

DÉCOUVERTE DE LA TECHNOLOGIE CARBSTONE

« Dans le contexte de normes environnementales plus strictes, de l'augmentation des quotas d'émission de CO2 et des politiques zéro-déchet au sein de l'UE, Carbstone présente de nombreux avantages. Non seulement le procédé convertit les résidus métalliques en un produit à valeur ajoutée, mais il permet également d'utiliser à bon escient le CO2 émis par les entreprises et de stocker de manière permanente une quantité importante de CO2. De plus en plus d'entreprises frappent à notre porte, précisément parce qu'elles recherchent une solution structurelle. Carbstone se présente comme une solution révolutionnaire à l'empreinte carbone négative : la production des matériaux absorbe plus de CO2 qu'elle n'en émet. « Nous sommes fiers qu'après des années de recherche scientifique, avec entre autres VITO, nous puissions faire passer notre technologie de la phase de laboratoire à la phase industrielle », a déclaré Serge Celis, CEO d'Orbix, lors de la présentation officielle des briques pour murs intérieurs basées sur la technologie Carbstone d'Orbix.

Dirk Van Mechelen, responsable R&D et parrain de la technologie Carbstone chez Orbix, a raconté la découverte de la technologie. « En 2004, nous avons découvert que les fractions résiduelles les plus fines des résidus d'acier durcissaient sous l'influence de la concentration limitée de CO2 dans l'atmosphère. Ce procédé est basé sur la carbonatation de certains composants des scories. Cela a conduit, après de nombreuses recherches scientifiques, à une technologie brevetée permettant d'accélérer ce processus naturel pour fabriquer des matériaux de construction de haute qualité à partir de cette fine fraction résiduelle. On gagne donc trois fois : cette fraction résiduelle de l'industrie sidérurgique trouve une solution utile, on élimine du CO2 contenu dans l'air et on évite que le ciment soit une production polluante ».

Les blocs circulaires Carbstone constituent un moyen très efficace de réduire les émissions de CO2 en faisant un usage optimal de la capture, du recyclage et du stockage de ce gaz à effet de serre. De plus, ils sont recyclables à l'infini et la technologie Carbstone permet de réutiliser bien plus que les déchets d'acier. Les cendres des incinérateurs ou les gravats de béton peuvent également être combinés au CO2 pour fabriquer des matériaux de construction. Orbix continue de développer, d'étendre et d'appliquer la technologie pour offrir des solutions rentables et respectueuses de l'environnement.

La Ministre flamande de l'Environnement, Zuhal Demir, a également assisté à la présentation. « Le secteur de la construction est responsable de 40 % des émissions mondiales de CO2. Il n'est donc pas surprenant que le gouvernement flamand se tourne principalement vers les entreprises du secteur lorsqu'il cherche des partenaires pour réduire nos émissions », a-t-elle déclaré. « Nous constatons de plus en plus que le secteur de la construction lui-même veut faire partie de la solution. C'est pourquoi des entreprises avant-gardistes comme Orbix et Masterbloc tracent la route pour notre futur. Grâce à la technologie et au développement, ils nous montrent la voie vers un secteur de la construction plus respectueux du climat et une Flandre vivable ».

 

PREMIÈRE PRODUCTION DE BLOCS DE CONSTRUCTION CIRCULAIRES

En passant du laboratoire et de l'usine d'essai au plan de production, un cap a été franchi. Avec la première chambre climatique dans l'usine Masterbloc de Maasmechelen, la production s'élève aujourd'hui à environ 70 tonnes de blocs de construction CO2 par jour, soit 15 000 tonnes par an. En construisant des chambres climatiques supplémentaires, Masterbloc compte encore augmente ce volume. Le CEO de Masterbloc, Bjorn Gubbels, nous a dit. « Nous pouvons appliquer la technologie d'Orbix pour transformer efficacement les scories d'acier en blocs de construction circulaires, voilà ce qui importe. Bien sûr, nous ne pouvons pas éliminer toutes les émissions avec des matériaux de construction circulaires, mais nous pouvons contribuer à une réduction significative, précisément parce que la production de ciment est la deuxième activité la plus polluante au monde, en termes de CO2. Par la même occasion, la Flandre peut utiliser ses matières premières plus efficacement. Du sable et du gravier peuvent être récupérés à partir de millions de tonnes de scories d'acier et utilisés à bon escient, ce qui représente un exemple innovant d'upcycling. En collaboration avec Orbix, nous valorisons depuis des années les scories métalliques de la société Aperam, à Genk. L'industrie sidérurgique montre donc beaucoup d'intérêt pour les applications de la technologie Carbstone. Et enfin, les prix des matériaux de construction peuvent à nouveau évoluer normalement, puisqu’on peut travailler avec un produit sans ciment à prix fixe, et donc ne plus dépendre de l'industrie du ciment ».

Il faudra sans doute un certain temps avant que le marché de la construction, assez conservateur, ne passe des blocs de construction à base de ciment à ceux à base de CO2. « Les clients ont besoin d'être convaincus. Cela ne devrait pas être un problème, car nous offrons la même qualité et la même production à coûts contrôlés, avec en prime la circularité. De plus, si vous devez un jour broyer les blocs, il ne vous restera que du sable et du gravier. Le CO2 est piégé pour toujours. Pour vous donner une idée : avec un seul camion de matériaux de construction, la technologie Carbstone permet d'économiser 10 tonnes de CO2, 5 tonnes de CO2 non libérées parce que vous n'avez pas de production de ciment, et 5 autres tonnes parce que les blocs durables capturent le CO2 dans l'air et l’emprisonnent ».

L'industrialisation de la technologie Carbstone ne s'est pas faite sans mal cependant. « Cela n'a pas toujours été facile et cela a également nécessité un investissement propre, mais je le referais immédiatement. Précisément parce que le potentiel futur est si énorme. Moyennant quelques aménagements tout à fait réalisables - comme une chambre climatique pour injecter du CO2 sous pression – un producteur de blocs traditionnels peut fabriquer ces blocs, dans ses installations. En soi, la carbonatation est un processus assez simple, qui existe aussi depuis plus de cent ans, mais jusqu'à présent, personne n'avait réussi à purger la technique pour en faire une brique de haute qualité. Nous sommes fiers d'y être parvenu », a conclu Bjorn Gubbels.

 

Projet de RÉNOVATION À Malines

Le groupe Vanhout utilise déjà les blocs de construction circulaires pour la rénovation de l'immeuble de bureaux de Cofinimmo à Malines, qui abrite également le siège de l’OVAM, la société publique flamande d'élimination des déchets. Le CEO de Vanhout, Bert Lenaerts, est déjà très enthousiaste. « En tant qu'entrepreneur, nous sommes bien sûr fiers de participer à cette aventure. Il s'agit d'un travail pionner incroyable de la part d'Orbix et de Masterbloc, le CO2 représentant un aspect important de la lutte contre le changement climatique. Le choix des matériaux de construction aura de plus en plus d’importance à l’avenir ».

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