Circubuild était sur le terrain pour découvrir le Mondial du Bâtiment, l’un des plus grands salons dédiés aux matériaux de construction dans le monde qui s’est déroulé du 30 septembre au 3 octobre à Paris Expo, Porte de Versailles. Cet événement, qui regroupe en 1 seul lieu plusieurs salons spécialisés, a réuni environ 30.000 visiteurs par jour, venus rencontrer des acteurs de tous les recoins du secteur de la construction et découvrir les dernières tendances et innovations. Nous avons tendu notre micro à Jean-Philippe Guillon, le directeur du salon, qui nous a dressé un premier bilan et a mis en lumière les enjeux majeurs pour l’avenir, mais aussi le présent du secteur.
Propos recueillis par Joaquim Dupont
Ne dites plus Batimat, dites Mondial du Bâtiment. Le rendez-vous majeur de l’agenda du secteur de la construction en France regroupe aujourd’hui Équipbaie-Métalexpo, Interclima et Idéobain. Le salon a lieu tous les deux ans, désormais en alternance avec Renodays, le nouveau forum dédié à la rénovation énergétique du bâtiment, dont la première édition s’est tenue en 2023. Etendu sur les 7 pavillons de Paris Expo (Porte de Versailles), le Mondial du Bâtiment se profile désormais comme un catalyseur de la transition durable et technologique du secteur de la construction et de la rénovation. 4 jours de rencontres, de dialogues, d’innovations et de nouvelles perspectives.
Joaquim Dupont : M. Guillon, face aux défis auxquels est confronté le secteur, le positionnement du Mondial du Bâtiment en tant que vitrine de la « construction de demain » s’est-elle imposée naturellement ?
Jean-Philippe Guillon : Oui, sans aucun doute. Nous avons d’ailleurs ouvert le salon avec une conférence inaugurale intitulée : « Face aux crises climatiques et énergétiques, comment le monde du bâtiment peut-il contribuer à améliorer la situation ? ». Il était essentiel pour nous de nous consacrer aux stratégies à adopter pour notre secteur face aux dangers du dérèglement climatique, mais aussi sur les approches et les solutions innovantes qui permettront au secteur de réussir la transition durable nécessaire. Et le salon est une occasion unique de les présenter, par leurs fournisseurs, qui seront les plus à mêmes de démontrer la plus-value de leurs produits et solutions : des solutions qui peuvent peut-être paraitre plus complexes à mettre en place, mais qui, sur le long terme, se révèleront pertinentes pour la décarbonation du secteur dans son ensemble.
Dans ce contexte, on comprend facilement la thématique de cette édition, « Changeons les perspectives », qui s’articule autour de 4 grands axes : l’adaptation, l’innovation, les territoires, et femmes et hommes du bâtiment ».
J.D. : Quels sont les éléments, les facteurs qui ne permettent pas encore cet avènement de « la construction de demain » dès aujourd’hui ?
J-P. G. : Tout d’abord, il faut bien se rendre compte que les problématiques sont différentes d’un pays à l’autre. En France, le secteur de la construction est fortement impacté par les pouvoirs publics. Pour la mise en place de cette « construction de demain », il existe des enjeux majeurs. Je pense tout d’abord à la stabilité des dispositifs d’accompagnement public. Vient ensuite la coordination des métiers du secteur, plus importante encore pour ce qui concerne la rénovation, qui constitue le véritable défi des 30 prochaines années. Pour que ce programme de rénovation du bâti porte ses fruits, nous aurons besoin de mettre en commun les qualités et les savoir-faire de chacun, mais aussi d’instructions claires et d’un accompagnement pertinent des pouvoirs publics, notamment en ce qui concerne les normes énergétiques à atteindre.
« Oui, la filière de la construction est une des plus polluantes, mais c’est aussi et surtout celle qui agit le plus pour réduire son impact »
J.D. : Une réalité commune à la France et la Belgique est la difficulté pour le secteur de trouver de la main d’œuvre, qualifiée ou non. Selon vous, que faut-il mettre en place pour attirer plus de travailleurs vers le secteur, a fortiori plus de jeunes travailleurs ?
J.P.G. : Une de nos plus grandes satisfactions pour cette édition du salon, c’est l’augmentation du nombre de jeunes visiteurs qui a explosé : plus de 6000 au total, contre 4000 environ pour l’édition précédente. Nous avons mis en place des dispositifs avec des lycées professionnels, avec des établissements de formation spécialisés, pour offrir à tous ces jeunes l’occasion de découvrir cette « construction de demain », et leur montrer à quel point celle-ci a besoin d’eux. Et la meilleure récompense pour ces efforts, c’est de s’apercevoir que ce public jeune est sensible à notre message qu’il nous faut aujourd’hui construire et rénover durablement et qualitativement.
70 % des moins de 25 ans désirent exercer un métier porteur de sens en rapport avec la protection de notre planète. Ici, au Mondial du Bâtiment, les jeunes, soit les travailleurs de demain, se rendent compte que la filière de la construction se démarque à ce niveau, comme celle la plus investie dans sa décarbonation. Nous voulons continuer à convaincre les jeunes que notre secteur est rempli d’opportunités et qu’il vit une révolution durable, technique et numérique passionnante, dans laquelle ils trouveront le sens qu’ils recherchent.
J.D. : Un premier bilan et un mot de conclusion pour nos lecteurs ?
J.P.G. : Il faut tout d’abord souligner que la filière est au rendez-vous, malgré la période de crise que nous traversons : le secteur reste dans le creux de la vague, la rénovation peine à trouver son rythme de croisière… Cependant, nous accueillons cette année 300 exposants de plus qu’en 2022, ce qui constitue une immense satisfaction. De même, le nombre de participants est en progression par rapport à l’édition 2022, qui était déjà un succès.
Enfin, via l’application développée pour récupérer les impressions des exposants, ces derniers se disent extrêmement satisfaits de la qualité des échanges avec les visiteurs. Des visiteurs informés, qui posent les bonnes questions, et veulent en apprendre le plus possible sur les solutions qu’on leur propose. Cela nous conforte dans l’idée que le salon répond aux attentes d’un visitorat convaincu par nos valeurs et décidé à apporter sa pierre à l’édifice. Au nom de toute l’équipe, j’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont fait de cette édition un succès, aussi bien les exposants que nos visiteurs.
Diplômé en économie (University of Reading, Grande-Bretagne) et en commerce (Université Paris Sorbonne), Jean-Philippe Guillon débute sa carrière dans l’industrie automobile. Après 10 ans dans ce secteur, aussi bien en France et qu’à l’étranger, il décide en 2014 de donner une nouvelle direction à sa vie professionnelle et se tourne vers le secteur de la construction. A l’issue de l’édition 2022, Il reprend les rênes du Mondial du Bâtiment de Guillaume Loizeaud.