Premier passeport matériaux dans Madaster Belgique

YUGENING architecture a eu l'honneur d'être le premier à créer un passeport matériaux sur la plateforme belge Madaster. Il l'a fait pour un bâtiment existant de la capitale, commandé par Befimmo. Le bureau d'architectes de Kapellen et le promoteur font ainsi œuvre de pionniers en réduisant l'énorme montagne de déchets.

Madaster, le passeport numérique des matériaux pour l'environnement bâti, apporte une contribution substantielle à la transition vers un secteur de la construction circulaire, comme en conviennent tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans la construction circulaire. Cette plateforme, basée sur une idée de l'architecte germano-néerlandais Thomas Rau, pionnier et visionnaire dans le domaine de la construction circulaire, a été lancée également sur le marché belge il n'y a pas si longtemps. Dans sa noble lutte contre les déchets de construction, Madaster a déjà réuni 18 partenaires dans notre pays pour diffuser ses idées circulaires. Et ils ne sont pas les moindres : les promoteurs Ghelamco, O3 Development, CORES Development, Immobel et Whitewood, les bureaux d'architectes Binst Architects, YUGENING architecture, CONIX RDBM Architects, assar et Mortelmans & Van Tricht, l'entrepreneur Cordeel, la ville d'Anvers, les consultants BDO, TBDG, Drees & Sommer et GSJ Advocaten et les fabricants Interalu et Beddeleem.

C'est donc aujourd'hui YUGENING architecture qui a pu télécharger le premier projet sur la plateforme Madaster et ainsi remporter le Madaster Primeur Award, une distinction symbolique.

Pour son client Befimmo, le bureau d'architecture de Kapellen a cartographié le bâtiment existant La Plaine, situé sur l’avenue Général Jacques à Ixelles, en face du campus de la VUB. YUGENING architecture va rénover ce bâtiment d'une surface totale de 20 000 m², mais comme seule la structure sera réutilisée, le bureau a répertorié tous les autres matériaux du bâtiment existant via Madaster. YUGENING architecture a ajouté le bâtiment à Madaster par le biais du BIM et a créé de la sorte un passeport matériaux pour le bâtiment. Ainsi, tous les matériaux utilisés dans l'ancien bâtiment sont connus et peuvent être démantelés jusqu'au niveau le plus fin. Madaster leur donne également une valeur résiduelle.

YUGENING architecture a ainsi créé un « level playing field » dans lequel le propriétaire, muni de ce passeport matériaux, peut approcher les entreprises de démolition et leur demander ce qu'il peut obtenir pour la démolition du bâtiment au lieu de devoir la payer. « YUGENING architecture initie ainsi l'ensemble de la chaîne de construction aux idées circulaires », explique Véronique Orens, partenaire chez YUGENING architecture. « Les entreprises de démolition sont stimulées financièrement à valoriser les matériaux qu'elles démolissent, ce qui encouragera la réutilisation. »

Pour YUGENING architecture, le partenariat avec Madaster est tout sauf du greenwashing. « Sur la plateforme Madaster, nous donnons aux matériaux un nom, un visage et une identité. Ils conservent ainsi leur valeur et peuvent avoir une seconde vie lorsqu'un bâtiment est démoli. En tant qu'architectes, nous voulons que nos clients perçoivent la valeur de nos matériaux afin qu'ils puissent faire des choix éclairés et durables. De cette manière, à chaque commande, nous faisons un pas vers une véritable circularité. »


Modèle BIM à partir de plans 2D

Véronique Orens explique comment YUGENING architecture a procédé concrètement. « Nous avons reçu tous les plans as built qui avaient été établis à l'époque par le propriétaire et client Befimmo. Comme il s'agissait d'une banque, ces plans as built – bien qu'en 2D – étaient très précis. Un relevé des contours du bâtiment par un géomètre a confirmé l'exactitude des données. Sur la base de ces plans, façades et coupes, l'ensemble du bâtiment a ensuite été dessiné en 3D dans Revit par l'un de nos meilleurs dessinateurs BIM. C'était un sacré travail, car les modèles vont des fondations sur pieux aux rives des toits. Il était nécessaire de disposer d'abord du bâtiment existant en détail, afin d'estimer correctement l'impact de chaque intervention. Pour le rendre compatible avec Madaster, tous les éléments devaient encore recevoir un codage BB-SfB-plus. »

La plupart des projets présents sur de telles bases de données de passeports matériaux – jusqu'à présent principalement à l'étranger – concernent des projets de construction neuve, avec un objectif de rénovation ou de démantèlement dans un délai de x années. Mais YUGENING architecture a donc réalisé ici un passeport matériaux pour un bâtiment existant dont il élabore les plans de transformation. Véronique Orens : « C'est la première étape, afin que les matériaux qui doivent disparaître lors de la rénovation aient aussi une identité. »

La conception du nouveau bâtiment, qui portera le nom de PLXL, fera bien entendu aussi l'objet d'un passeport matériaux dans Madaster. « Dans le nouveau projet, nous optons systématiquement pour des solutions sèches qui sont faciles à démonter et à démanteler pour les futurs entrepreneurs », précise Véronique Orens.


Enfin !

Madaster a fait son entrée sur le marché belge en juin, pour être précis, et a réussi à composer une liste impressionnante de partenaires en un court laps de temps. « 'Enfin la possibilité d'un passeport matériaux en Belgique' était souvent la première chose que j'entendais à l'autre bout du fil », raconte Johan Klaps, CEO de Madaster Belgium. « Madaster change donc véritablement la donne dans le secteur de la construction. Chaque construction de l'environnement bâti peut désormais être documentée pour l'éternité et jusqu'au niveau le plus fin, de sorte que les matériaux ne doivent plus être considérés comme des déchets. Le cadastre des matériaux va accélérer la numérisation de la construction. »

« Chaque bâtiment dans Madaster est en fait un gisement de matériaux, qui attend d'être exploité. C'est ainsi que l’univers des matériaux réutilisables prendra réellement son envol. Outre la valeur financière résiduelle des matériaux, Madaster fournit également un score de circularité qui donne aux propriétaires de bâtiments une idée du degré de circularité réel de leur bâtiment. Et une application CO2, pour estimer l'impact de la construction sur l'environnement. »

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