Robbert Errico (UAU collectiv) : La construction circulaire ne se fait pas d'abord avec des développements high-tech

Le 23 novembre dernier, lors d'un séminaire organisé dans le Limbourg avec d'autres professionnels du secteur de la construction, l'architecte Robbert Errico (UAU collectiv) expliquait pourquoi il croit très fort dans le principe de construction circulaire. « Celle-ci ne se fait pas d'abord avec des développements high-tech », affirme-t-il. 

 

Que signifie la construction circulaire pour UAU collectiv ?

La construction circulaire est un terme que nous n'utilisons peut-être pas souvent dans nos bureaux, mais le principe est bien présent lorsque nous réfléchissons à nos projets. Nous partons toujours du mot 'durable'. Si une chose est fondamentalement durable, elle peut par conséquent être considérée comme circulaire. Pour les projets à plus petite échelle, il s'agit principalement du niveau des éléments, de la question de savoir si vous optez pour la conservation et la réutilisation des matériaux ou pour l'introduction de matériaux intelligents à caractère hautement durable. À l'échelle du développement urbain, la question se déplace : quels bâtiments, structures, infrastructures doivent-ils être conservés et peuvent-ils être réutilisés, et quels bâtiments doivent faire place à de nouvelles constructions durables ? Il ne s'agit pas seulement d'une considération fonctionnelle et écologique, mais parfois aussi d'une considération émotionnelle. À ces deux niveaux, une bonne architecture est une architecture qui trouve un bon équilibre entre toutes ces considérations et crée ainsi une valeur ajoutée. C'est ce que défend UAU collectiv.

Pourquoi pensez-vous qu'il est si important de se concentrer sur la construction circulaire ?

Parce que les matières premières ne sont évidemment pas infinies et que leur extraction et leur transformation impliquent également des dommages à l'environnement. La nature est un système de boucle fermée dans lequel tout est inextricablement lié. Si nous voulons continuer à faire partie d'un système viable, nous devrons nous adapter à ce système. Et l'économie circulaire, et la construction circulaire également, est la voie à suivre. Les conséquences directes et indirectes de la non-adaptation à ce système - car c'est le cas depuis des décennies, voire des siècles - sont de plus en plus visibles autour de nous : catastrophes naturelles, réchauffement de la planète, pénurie de matières premières, pollution... Par ailleurs, nous pensons également qu'une architecture durable et de qualité a une valeur pour la société et peut améliorer la qualité de vie de ce qui nous entoure. Étant donné que tant de temps et d'énergie sont consacrés à la réalisation de l'architecture, il est dommage que cela ne se traduise pas par des bâtiments flexibles et circulaires, capables de résister plus longtemps à l'épreuve du temps. L'architecture doit pouvoir s'adapter aux changements de la société. Un nouveau bâtiment doit être suffisamment flexible pour s'adapter aux utilisations futures.

Comment essayez-vous de mettre en pratique la construction circulaire ?

Pour nous, cela commence par la durabilité au sens littéral du terme, ce que nous appelons dans notre bureau la "durabilité no-nonsense' : concevoir des bâtiments aux bonnes dimensions afin qu'ils offrent une flexibilité tournée vers l'avenir et évitent la vacance, choisir des matériaux durables, construire les bonnes fonctions au bon endroit, orienter un bâtiment de la bonne manière pour maximiser les gains solaires tout en réduisant la quantité d'énergie nécessaire, prévoir un espace pour une verdure de qualité, etc. Il ne s'agit donc pas en premier lieu de développer des technologies high-tech mais de proposer une architecture bien pensée. Ce n'est qu'ensuite que nous commencerons à réfléchir aux applications technologiques permettant de rendre le bâtiment encore plus circulaire. Nous sommes pour cela assistés par des experts, qui nous conseillent sur les matériaux et sur leur développement. Car ce dernier va si vite dans certaines classes de produits que nous avons parfois du mal à suivre.

Où se trouve le plus grand défi dans la transition vers un monde où seuls des bâtiments circulaires seraient construits ?

En éliminant les éléments non circulaires. Les gens se rabattent encore trop vite sur les produits traditionnels, parce qu'ils sont encore très nombreux, mais aussi parce qu'ils nous sont familiers et souvent étiquetés comme étant moins chers. Ce dernier point n'est pas toujours vrai, car le prix d'un produit circulaire doit en fait être déterminé sur l'ensemble de son cycle de vie. Parce qu'il dure plus longtemps, il est en réalité souvent moins cher qu'un produit de construction traditionnel. Pour éliminer à terme les éléments non circulaires, il faut donc penser à beaucoup plus long terme et ne pas se contenter de gains soi-disant immédiats et rapides.

Quel projet de construction circulaire en Belgique ou à l'étranger vous semble être un exemple inspirant ?

Seawater Greenhouse à Tenerife, construit en ... 1994 ! Ce n'est pas le plus beau des projets - loin de là - mais l'histoire qui se cache derrière est absolument merveilleuse (il s'agit d'une serre utilisant l'énergie solaire pour produire de l'eau douce à partir d'eau salée, et qui permet ainsi de faire pousser des cultures dans des zones sèches, ndlr).

 

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