Site Cambier (p&p Architectes) : le choix conscient d'une préfabrication en bois

À Schaerbeek, le site Cambier, conçu par le bureau bruxellois p&p Architectes, abrite depuis quelque temps déjà une école maternelle et primaire Montessori ainsi que les locaux de mouvements de jeunesse. Dans ce projet, qui comprend également un jardin potager pour le quartier, on a principalement utilisé du bois certifié PEFC et FSC, et la priorité a été accordée à l'adaptabilité de la conception. Sur une parcelle en triangle, l'organisation spatiale entre les différentes entités permet désormais une cohabitation idéale qui favorise des opportunités d'échanges sociaux pour construire et faire vivre une communauté dans le quartier à la manière d’un moteur social. Lionel Philipperon, associé-gérant du bureau p&p Architectes, nous en dit plus sur ce projet.

 

« Le terrain, avant travaux, était utilisé par des locaux scouts en mauvais état. La commune s’est intéressée aux attraits paysagers du lieu et a souhaité faire d’une pierre deux coups : une nouvelle école à pédagogie active et de nouveaux locaux scouts. Il y avait aussi, proches de la voie ferrée en contre-bas, des potagers à maintenir. Le projet a donc travaillé sur ces aspects pour permettre une cohabitation et offrir un cadre permettant une collaboration entre ces trois fonctions. Le choix s'est porté vers la construction de deux bâtiments séparés par la cour de récréation. L’école présente un volume compact et est implantée à l’arrière du terrain, de façon à générer des espaces extérieurs de qualité et à diminuer l’impact sur les maisons voisines. Le volume optimisé de l’école permet aussi de rationnaliser l’organisation du plan avec une circulation centrale. La forme du bâti génère un dégagement du terrain compris entre l’école et les locaux scouts, et une aire pour les maternelles dans le bout du triangle du terrain. Les cours de récréation sont encadrées par la végétation sur leur périmètre pour un contact privilégié avec la nature. Il n’y a pas d’espaces résiduels.

Le choix du bois

Au-delà des critères PEB passifs, l’usage de massif bois CLT a permis de diminuer le temps de construction et de suivre les préceptes 'Cradle to Cradle'. Le Site Cambier prend en compte une multitude de mesures transversales, de critères de circularité pour la création d’un équipement avec une réflexion portée sur l’amélioration de la vie d’un quartier. Il y a ainsi le critère social avec un projet intergénérationnel, la mobilité douce, la biodiversité avec le maintien des arbres remarquables... 

Pour des raisons principalement liées à la maîtrise du budget et l’équilibre indispensable entre les qualités techniques, esthétiques, nous avons privilégié des bois présentant le label PEFC ou FSC et des essences issues de forêts européennes. Le choix des matériaux tente de limiter l’énergie grise utile dans la construction des bâtiments. La plupart des matériaux sont recyclables et donc permettent un cycle 'Cradle to Cradle' dans la gestion des déchets.

Le bois est de loin le premier matériau employé dans la construction des 3 bâtiments : école, locaux scouts, rangements. Il est ainsi présent pour la structure en panneaux CLT, poutres en lamellé coupé, pour les planchers, les menuiseries, les finitions intérieures, le mobilier scolaire de type Montessori en bois.

Outre la rapidité de construction, le bois est un matériau naturel et sain offrant un sentiment de confort et de bien-être. Il développe chez l’enfant le sens du toucher et de la vue de par son aspect non uniforme. Son cycle de vie s’inscrit dans le respect de l’environnement. Pour l’inertie du bâtiment, il a été fait usage de béton au niveau des sols et de l’escalier principal. La présence du bois assure une qualité de l’air indéniable au confort intérieur de l’école. Ensuite, les autres matériaux sont autant d’éléments constituant le bâtiment et qui se doivent de pouvoir être valorisés en cas de démontage, en privilégiant le réemploi ou le recyclage suivant le principe 'Cradle to Cradle'.

Le choix de la préfabrication

Le programme à l’appel d’offre recommandait une construction temporaire. Des impératifs de planning préconisaient aussi la préfabrication. Dés lors, la technique de construction s’oriente donc vers un produit d’architecture modulaire et répétitif. Le gros œuvre en structure bois lamellé collé croisé permet ainsi la préfabrication basée sur une trame, un module 3,30 x 3,30 m.

Cette trame nous a permis de générer des surfaces correspondant aux demandes du programme. Des panneaux multicouches bois constituent la structure mur planchers. La disposition des locaux a été pensée pour créer un réel support à la pédagogie active d’inspiration Montessori : flexibilité des locaux, apport de lumière naturelle, distribution centrale. Des parois amovibles entre locaux permettent diverses activités. A cela s’ajoutent des événements qui marquent et racontent naturellement les circulations qui mènent toutes au cœur de l’école : un dessin de lucarne ouverte pour l’accès principal, une lucarne de type en toiture pour éclairer l’étage, un jeu de transparence à 360° dans le hall principal, cœur de l’école. En matière de flexibilité, le plan de l’école rassemble 11 modules de surface généreuse. 

Pour les locaux scouts, la configuration d’espace suit les mêmes préceptes avec des parois amovibles permettant d’ouvrir/fermer les locaux organisés par section. Les volets bois coulissants signalent l’occupation du lieu. Le volume peut ainsi s’ouvrir/fermer complètement sur la rue. En terme d’adaptation, il serait possible de réhabiliter l’école en centre d’entreprise et les locaux scouts en maison unifamiliale. La notion d’architecture flexible est importante pour garantir une plus grande espérance de vie à un bâtiment.

Le choix des techniques

L’école respecte les exigences PEB passifs de Bruxelles. L’occupation différente entre l’école et les locaux scouts a amené à des réflexions et choix propres à chaque bâtiment tant au niveau de l’architecture que des techniques spéciales. En effet, les locaux scouts doivent pouvoir être chauffés rapidement lors des réunions hebdomadaires, là ou le bâtiment de l’école nécessite une inertie globale à même de réduire la baisse de température hors période de chauffe en hiver et la surchauffe en période estivale. Contre la surchauffe, le décroché du volume de l’étage offre une protection au rez-de-chaussée et le volume central est surplombé d’une lucarne pour le refroidissement nocturne. La sobriété des matériaux utilisés, l’éclairage naturel, l’isolation, le confort intérieur ainsi que la compacité ont permis d’atteindre le passif. La ventilation est de type double flux. L’installation des techniques est simple comme l’organisation du plan. Pour la gestion des eaux, la toiture verte, des citernes d’eaux de pluie permettent la rétention. Pour les potagers, les eaux du préau de l’entrée sont récupérées.
A l’extérieur, une couche d’isolation et un parement garantissent une enveloppe performante. 

Le choix d'une vraie durabilité

Pour répondre à la notion d’architecture temporaire, la plupart des matériaux sont recyclables et donc permettent un cycle 'Cradle to Grave' dans la gestion des déchets. Au stade du permis d’avant-projet et permis d’urbanisme, les architectes ont informé le maître d’ouvrage que les performances énergétiques du bâtiment étaient exigées passives. C’est ainsi que la notion temporaire a été écartée et que le projet a évolué avec une vision durable en conservant les attraits d’une construction modulaire, préfabriquée avec l’usage de matériaux naturel.

L’Unité Scoute et les 'Jardins d’Ernest' sont 2 acteurs de qualité pour garantir les préceptes de cette durabilité. Leurs activités sur le site donnent une évolution positive au projet d’architecture. Par exemple, lors de la démolition des locaux scouts et modification des potagers, ceux ci ont recherchés des solutions pour récupérer, réutiliser des éléments de construction. D’autres initiatives avec l’école sont envisagées pour générer des synergies à la façon d’un cercle vertueux. Un autre atout du projet est l’ouverture du site sur le quartier. La perméabilité du projet depuis l'espace public et par la visibilité des fonctions collectives qui s'y déroulent constitue un point attractif propice l’émancipation du lieu et à la sensibilisation d’un projet durable. »

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