Aujourd'hui, le secteur de la construction doit satisfaire aux exigences du développement durable. Tous les professionnels concernés - fabricants de matériaux de construction, architectes, promoteurs immobiliers, entrepreneurs - doivent tenir compte de nombreuses problématiques environnementales.
Les performances environnementales des bâtiments représentent l'un des trois piliers de la construction durable, les deux autres étant liés à ses aspects socio-économiques. Cela concerne l'utilisation raisonnée des matières premières, la limitation de l'utilisation des énergies fossiles, le maintien des ressources en eau, la lutte contre la pollution atmosphérique, la conception de bâtiments à haute performance énergétique, la réutilisation/le recyclage de matériaux,...
Pour avoir une approche globale de tous ces défis, il faut prendre en compte le cycle de vie complet des bâtiments, des éléments de construction et des matériaux. Par exemple, il est important de tenir compte de la durée de vie des matériaux et de leur éventuel remplacement pendant la période d'utilisation du bâtiment. Il est tout aussi important de baser l'approche sur plusieurs critères : il ne sert à rien de réaliser de bonnes performances dans un domaine si des problèmes en découlent par la suite. Il faut donc prendre envisager toute une série de paramètres environnementaux.
Un outil commun pour les trois Régions
Depuis quelques années, les trois Régions de notre pays - Bruxelles, Wallonie, Flandre - collaborent au développement d'un outil d'évaluation de la performance environnementale des bâtiments, sur base des données concernant les produits, les matériaux et les éléments de construction. Les entrepreneurs peuvent désormais consulter cet outil sur le site www.totem-building.be, afin d'intégrer la dimension environnementale dans leurs projets. Totem est l'acronyme (en anglais) de Tool to Optimise the Total Environmental impact of Materials.
L'outil d'évaluation Totem est basé sur la norme européennne EN15978 (Contribution des ouvrages de construction au développement durable - Évaluation de la performance environnementale des bâtiments - Méthode de calcul) développé par le CEN TC350, le comité européen compétent dans cette matière. Mais cet outil va vraiment plus loin que la norme européenne actuelle, car il tient également compte d'indicateurs environnementaux supplémentaires et propose une analyse complète du cycle de vie du bâtiment, de l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie du bâtiment (démolition/désassemblage, réutilisation/recyclage).
Le programme calcule 17 indicateurs environnementaux. Pour les utilisateurs de Totem, l'interprétation individuelle de chaque indicateur est très complexe. C'est pourquoi l'outil offre aussi la possibilité de présenter les résultats de l'évaluation sous la forme d'un score unique, en euros. Un score est associé à chaque indicateur. Il exprime le coût financier qu’engendrerait la réparation des dommages causés à l’environnement, coût qui devrait être supporté par la société dans son ensemble pour compenser les problèmes environnementaux engendrés.
On peut ainsi calculer la valeur en €/m² d'un mur, d'un sol, d'un toit ou la valeur d'un bâtiment dans son ensemble. Sur base des exigences définies par le client et des dispositions techniques auquel le bâtiment doit satisfaire (PEB, acoustique, résistance au feu, faculté d'adaptation à différents usages, etc), les architectes peuvent réaliser des simulations pour différents concepts, les comparer ensuite et utiliser les scores environnementaux comme facteurs de décisions pour leur choix final.
Le rôle des fabricants de matériaux de construction
En février dernier, les trois Régions ont donc lancé officiellement Totem lors du Salon Batibouw. Pour sensibiliser les architectes, une présentation de l'outil a été réalisée ensuite dans chaque région séparément.
L'outil est disponible gratuitement mais reste néanmoins une version de base qui doit encore être affinée et améliorée. Totem doît être développé à court et à long terme, pour encore mieux coller à la réalité de chaque utilisateur.
Pour les architectes et les promoteurs, le couplage avec les logiciels PEB et BIM devrait représenter une phase essentielle. Elle mènera à une utilisation plus efficace de Totem, à des temps de modélisation plus courts et à un lien avec les performances énergétiques calculées.
La contribution des fabricants de matériaux de construction est nécessaire pour ajuster Totem à la réalité du marché belge. Les données environnementales utilisées actuellement par Totem proviennent en effet d'une banque de données étrangère, et elles ne sont donc pas toujours représentatives de la situation de notre pays ou elles n'intègrent pas nécessairement les innovations récentes des matériaux. Les données actuelles devraient donc être remplacées à terme par celles amenées par les fabricants belges.
Un logiciel a été développé en ce sens, afin d'établir un cadre dans lequel les déclarations environnementales belges devraient être prises en compte (EPD - Environmental Product Declaration). Des banques de données EPD conformes au programme belge ont été réalisées et ont été reprises dans la banque de données spécifique B-EPD.
Pour une meilleure représentativité des résultats, B-EPD devrait bientôt être liée à Totem. Le cadre belge se base sur la norme européenne EN15804 (Contribution des ouvrages de construction au développement durable - Déclarations environnementales sur les produits) développée par le comité CEN TC350. On y prescrit le calcul d'indicateurs supplémentaires et l'explication de certaines phases du cycle de vie des matériaux.
Quelle influence sur le secteur de la brique ?
Voici plusieurs années que les fabricants de matériaux en terre cuite sont attentifs aux évolutions dans ce domaine et réalisent des analyses du cycle de vie de leurs matériaux (ACV). Avec ce type d'analyse, une entreprise découvre les points d'attention sur lesquels elle doit se concentrer pour améliorer le profil environnemental de ses produits. Il s'agit donc aussi pour elles d'un véritable outil stratégique.
Le secteur prévoit également de mettre à jour le profil environnemental des matériaux de construction en céramique, dans le respect des règles définies par le programme belge. Les données de B-EPD pourront alors être utilisées.