Un bâtiment temporaire en matériaux de réemploi pour un festival culturel au Friesland (Overtreders W)
De la toile provenant de montgolfières et de la laine de mouton font partie du mélange éclectique de matériaux de récupération utilisés pour créer Bouwurk, un lieu temporaire conçu par le studio d'architecture Overtreders W pour le festival Arcadia 2025 à Friesland, aux Pays-Bas.
Cette structure démontable en ossature bois a servi d'espace pour des rassemblements publics, des ateliers et des spectacles pendant les 100 jours du festival culturel, qui s'est déroulé de mai à août 2025 dans la ville de Leeuwarden.
La suite d'un projet datant ... du XVIème siècle
La Bouwurk a été construite à côté d'un monument connu sous le nom d'Oldehove, un clocher penché datant du XVIe siècle qui faisait partie d'un projet de cathédrale abandonné en raison de l'instabilité des fondations. Pour cette structure temporaire, les architectes du bureau Overtreders W se sont inspirés de la fonction et de la disposition initiales de cette cathédrale, et l'ont décrite comme « une maison pour la communauté, non pas pour le culte, mais simplement pour se retrouver ».
« L'Oldehove devait être le début d'une cathédrale, mais comme elle a commencé à s'affaisser pendant la construction, le projet n'a jamais été achevé », a expliqué la cofondatrice du bureau Hester van Dijk. De son côté, Sjoerd Bootsma, directeur artistique de la triennale artistique et communautaire Arcadia, a eu l'idée de finalement « achever » l'Oldehove en tant que maison communautaire pour le XXIe siècle : un lieu non religieux dédié aux échanges et aux rassemblements : « La Bouwurk a été construite sur le site où la cathédrale devait initialement s'élever ».
Une structure adaptée au programme
La structure s'articule autour d'une place publique en forme de croix, inspirée de la nef et du transept d'une cathédrale, encadrée par une charpente modulaire en bois reliée par des éléments en acier violet vif. À chaque angle de cette zone en forme de croix se trouvent quatre petits pavillons abritant un point d'information et une boutique, une cuisine, un espace de création et une salle de spectacle appelée The White Box.
Compte tenu de la nature temporaire de la Bouwurk, Overtreders W a privilégié l'utilisation de matériaux locaux et récupérés, tout en veillant à un démontage facile. Résultat : des voiles en tissu colorées, fabriquées à partir d'anciennes montgolfières, ont été suspendues aux chevrons de la charpente afin d'ombrager et d'égayer l'espace commun situé en dessous, tandis que chacun des pavillons a bénéficié d'un traitement matériel distinct célébrant un aspect de la production industrielle ou artisanale locale.
Dans The White Box, une charpente en bois a été remplie d'une couche de laine de mouton de la région récupérée qui, autrement, aurait été incinérée, et laissée visible à l'intérieur à travers des lattes de bois fabriquées à partir de bois excédentaire.
Pour le point d'information, une façade en carreaux de céramique a été réalisée par le bureau de design Humade et Tichelaar à partir de boues de la mer des Wadden, tandis que l'espace des créateurs a été revêtu de bois provenant des chutes de l'usine de palettes Rewood.
Pour la cuisine, des sections de mur fabriquées à partir de fibres végétales provenant des prairies tourbeuses voisines ont été combinées avec des panneaux de plafond en verre qui présentaient des défauts de fabrication et décorées avec des dessins réalisés par des écoliers des environs.
Implication locale et projet vitrine
« Nous voulions impliquer autant que possible les fabricants et les artisans de la région du Friesland dans la réalisation de la Bouwurk et avons recherché des personnes et des entreprises qui souhaitaient présenter et tester leurs matériaux durables dans les murs du bâtiment », a déclaré Hester van Dijk.
« Chaque élément de la Bouwurk, du bois récupéré et de la laine locale aux structures modulaires, a été soigneusement choisi et positionné afin de créer une interaction dynamique entre les matériaux, l'espace et les personnes qui l'habitent », a quand a lui expliqué Reinder Bakker, cofondateur du projet. « Cette intégration des matériaux, du mouvement et de l'interaction humaine est le geste le plus significatif du projet, reflétant une nouvelle façon de penser la manière dont nous construisons et connectons », a-t-il conclu.