Une nouvelle version pour Hayes, la scène circulaire de Glastonbury

La startup Re:Right Design, spécialisée dans la conception écologique, a réédité son pavillon démontable Hayes sur le festival de Glastonbury de cette année, en le revêtant d'un biomatériau fabriqué à partir d'algues marines, afin de démontrer qu'il est possible de créer des décors sans utiliser de plastique.

L'année passée, Circubuild vous présentait déjà la première version du pavilion Hayes du mythique festival anglais Glastonbury. Ce pavillon est revenu pour la deuxième année consécutive au plus grand festival de musique en plein air du monde, dans le cadre de sa réflexion sur l'amélioration de la durabilité des infrastructures événementielles temporaires. Après l'accent mis l'année dernière sur les panneaux isolants préfabriqués en mycélium, la nouvelle mouture du pavillon Hayes met en avant un bioplastique compostable fabriqué à partir d'algues marines.

 

Un matériau unique à fort potentiel

Développé par le biodesigner Leksi Kostur après plusieurs années de travail, ce matériau ne contenant aucune matière fossile a été moulé, coloré, découpé au laser et gravé de différentes manières afin d'explorer le potentiel créatif du matériau et d'évoquer la flore et la faune des écosystèmes des marées.

"Notre objectif avec ces installations est de commencer à montrer ce qu'il est possible de faire avec ces matériaux, d'un point de vue pratique et esthétique", a déclaré Leksi Kostur, qui a fondé Re:Right avec Simon Carroll, un professionnel chevronné de la conception de décors de théâtre. "Nous repoussons les limites en termes de taille et d'échelle", a ajouté ce dernier.

L'objectif est de trouver des matériaux compostables capables de rivaliser avec les plastiques bon marché, facilement disponibles et couramment utilisés dans la conception de décors, qui autrement subsistent pendant des centaines d'années dans des décharges après avoir rempli leur fonction initiale. "Une grande partie de notre mission consiste à faire sortir la science des matériaux des laboratoires et à l'appliquer dans le monde réel", explique Leski Kostur.

"Nous nous intéressons donc aux industries créatives - principalement la construction de décors, la peinture scénique, les festivals, l'événementiel - où la vitesse de rotation des produits et des matériaux est très élevée et où le cycle de vie n'est pas du tout pris en compte".

 

Un espace de conscientisation

Le pavillon Hayes est doté d'une structure démontable réutilisée chaque année et fabriquée essentiellement à partir de matériaux de récupération. D'anciens chapiteaux de festival servent de toit en toile, tandis qu'un sapin abattu par la tempête a été utilisé pour construire la charpente en bois apparente.

Pour cette édition de Glastonbury, la structure est décorée de feuilles de bioplastique translucides et gélatineuses, manipulées pour ressembler à des vagues d'écume, à des pousses d'algues et à des écailles découpées au laser et suspendues comme des mobiles.

Tout au long du week-end, le pavillon accueillera une série d'événements, dont des séances de bains de sons océaniques et la projection d'un nouveau documentaire réalisé par la plateforme de streaming environnemental WaterBear, qui explore les écosystèmes côtiers comme les mangroves, les marais maritimes et les algues marines, qui constituent un puits de carbone crucial.

Re:Right espère ainsi familiariser les festivaliers non seulement avec le biomatériau lui-même, mais aussi avec l'écosystème dont il est issu. "Il est important de noter que nous ne devons absolument pas surexploiter l'océan comme nous l'avons fait avec la terre, et que nous devons mettre au point des méthodes de pêche sûres et véritablement durables fondées sur la science avant de rêver de sauver la Terre avec des algues", rappelle Leksi Kostur. "Mais si nous atteignons cet objectif, les algues marines présentent de nombreux avantages potentiels. Elles peuvent remplacer certains types de plastique, bien sûr, mais elles peuvent aussi contribuer à décarboniser l'économie, à nettoyer les océans, à reconstruire les écosystèmes marins et même à nourrir les gens. C'est un matériau exceptionnel", ajoute-t-il.

 

Des avantages à la pelle

Le bioplastique présenté dans l'installation est fabriqué à partir d'algues rouges et brunes provenant d'un peu partout en Europe et du Royaume-Uni. Elles sont mélangées à des pigments végétaux comme le chou et la betterave pour la couleur, voire à des pigments minéraux qui leur confèrent une opalescence nacrée.

L'approche minimaliste de Kostur crée un matériau qui, contrairement à un plastique d'origine fossile ou à un bioplastique industrialisé comme l'acide polylactique (PLA), est entièrement compostable à domicile et se dégrade dans le sol en quelques semaines, affirme le bureau.

"Le PLA est de plus en plus répandu, mais il nécessite un compostage industrialisé, c'est-à-dire des températures supérieures à 70 degrés, pour le décomposer", a déclaré Simon Carroll. "C'est un énorme apport d'énergie. Alors que ce que nous faisons se décompose tout seul".

 

Le mycélium toujours présent

Le mycélium de champignon a également fait son retour pour cette édition du pavillon Hayes, mais cette fois dans un rôle secondaire, pour fournir le support au bioplastique. Pour faire évoluer le matériau en tant qu'alternative au polystyrène dans la construction de décors, Re:Right Design a collaboré avec le fabricant d'emballages à base de mycélium Magical Mushroom Company pour produire un revêtement géométrique sur mesure pour la structure.

Selon Simon Carroll, cette méthode s'est avérée plus efficace que celle de l'année dernière, qui consistait à découper, poncer et coller des panneaux isolants préfabriqués en mycélium pour leur donner différentes formes. "Le matériau réagit beaucoup mieux lorsque nous ne le manipulons pas trop", explique-t-il. "Nous nous inspirons les uns des autres et nous prenons conscience des possibilités et des limites de ces matériaux, ce qui nous permet en fin de compte de les repousser, pour aller plus loin", poursuit-il.

Le mycélium est associé à des panneaux acoustiques fabriqués à partir de copeaux de chanvre - la partie intérieure ligneuse de la tige de chanvre, qui est retirée lors de la transformation industrielle - fournis par Erthly, une entreprise du Hampshire.

 

Après les débuts réussis du Hayes Pavilion lors de la précédente édition, Re:Right est également en pourparlers avec Danny Lennon, directeur de Footprint Scenery et responsable du développement durable au sein de l'Association of British Theatre Technicians, en vue de créer une sorte de centre d'échange ou de location de matériaux pour les théâtres londoniens, afin d'encourager une utilisation plus circulaire de ces matériaux.

"Nous n'en sommes qu'aux prémices, mais les conversations sont très, très prometteuses", a laissé entendre Simon Carroll. "Beaucoup de gens ont été très surpris de ce que nous avons pu réaliser, ce qui est formidable", conclut-il.

Source: dezeen

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