La société Paille-Tech, spécialiste de la préfabrication de murs porteurs en bois, paille et argile, vient de mettre au point des murs de façade de 12 mètres de haut, soit l’équivalent de 3 étages. Une première dans le monde de la construction et pour Paille-Tech qui a relevé le défi de réaliser ces éléments pour un projet d’immeuble au Luxembourg. Un système « tout en un » qui a permis de fermer ce bâtiment en 8 jours.
Pour cette construction unique, l’entreprise Paille-Tech, située à Floreffe, a conçu de gigantesques murs-rideaux, formant l’enveloppe du bâtiment. Ces éléments préfabriqués sont composés de bois massif pour leur structure, de paille compressée pour l’isolation et d’argile pour la finition intérieure.
Chaque élément mesure 12 mètres de haut pour 2,20 mètres de large. Pour lever ces portions de murs de plus de 5 tonnes chacune, un système de levage a dû être mis au point par Paille-Tech en collaboration avec l’entreprise générale. Au total, 1.100 m2 de murs ont ainsi été produits et arrimés à l’ossature du bâtiment. Grâce à cette technique, le squelette en béton du futur immeuble de bureaux a pu être recouvert de son enveloppe protectrice en 8 jours. Un record pour un bâtiment de cette taille.
Une solution namuroise
Pour ce projet, l’entreprise Paille-Tech a produit dans son atelier de Franière (Floreffe), une surface totale d’éléments équivalente à celle d’une dizaine de maisons.
« Nous sommes fiers que notre petite entreprise ait pu relever ce défi », explique Julien Lefrancq, entrepreneur en construction et administrateur de Paille-Tech. « Cette innovation a nécessité beaucoup de réflexions pour adapter l’atelier à la dimension et au nombre de murs à préparer. Il a fallu aussi développer des outils de levage qui n’existaient pas pour ce type de murs. Cela a représenté beaucoup de défis en termes de personnel, de logistique et de manutention. Mais c’était stimulant car cela ouvre de nouvelles perspectives pour la conception de façades de grands bâtiments avec des éco-matériaux ».
Efficacité énergétique et construction circulaire
La construction est basée sur les principes du concept autrichien 22-26. Dans ce type de bâtiment passif et bioclimatique, la température est maintenue constamment et naturellement entre 22 et 26° sans systèmes mécanisés de chauffage, de climatisation et de ventilation.
Ce projet d’éco-construction de grande dimension est d’autant plus remarquable qu’il est destiné à accueillir le siège d’une entreprise de voiries et d’infrastructures, plutôt habituée à utiliser massivement… le béton ! Tout comme l’entreprise générale en charge du projet, DZ Construct.
« Nous n’avions jamais réalisé d’éco-construction auparavant », témoigne Francis Schwall, coordinateur de projet chez DZ Construct. Il ajoute : « Mais avec l’appui de Néobuild, le pôle luxembourgeois d’innovation technologique de la construction durable, nous voulions, avec le bureau d’architecte du projet AU21, pousser le concept 22- 26 le plus loin possible en intégrant les principes de modularité, de matériaux sains et biosourcés. Le béton a été préfabriqué sur site afin d’optimiser son usage et d’en réduire les besoins. Par ailleurs, le bâtiment est majoritairement démontable ».
Pour le Cluster Eco-construction, ce projet démontre une fois encore que les alternatives au « tout béton[1]polyuréthane » existent, que des solutions sont présentes pour faire diminuer l’empreinte environnementale du secteur du bâtiment. Pour ce projet, l’usage du béton aura été limité au stricte nécessaire : l’édification du squelette de l’immeuble. « Le projet montre également que les entreprises wallonnes disposent du savoir-faire, des capacités et du potentiel pour participer à la transition du secteur en privilégiant des procédés de construction et des matériaux plus respectueux de la santé et de l’environnement, tout en favorisant l’économie et les emplois locaux », selon l’architecte Anne-Michèle Janssen, directrice du Cluster Eco-construction.
Eléments clés du projet :
Fiche technique