Les matériaux recyclés sont-ils de la même qualité que les ‘matières vierges’ ?

Pas toujours, mais cela peut parfois être le cas. L’utilisation de matériaux homogènes, de connexions réversibles et l’identification des matériaux recyclés sont à ce sujet d’une importance cruciale.

Aujourd’hui, lorsqu’on parle de recyclage, il s’agit presque toujours de décyclage. Ce processus de recyclage entraîne une perte de qualité par rapport aux matériaux d’origine ou vierges. Par conséquent, ces matériaux recyclés ne peuvent pas être utilisés dans une application équivalente. C’est le cas de débris de béton d’un bâtiment démoli qui seront utilisés pour les fondations de routes mais plus dans une nouvelle structure en béton. Bien sûr, cela n’est pas mauvais, car cela réduit le besoin d’extraction de nouvelles matières premières. Mais il s’agit en fait d’un report de l’exécution. Les chances que ces matériaux recyclés puissent être ou soient recyclés à la fin de leur durée de vie technique sont très faibles. Et beaucoup de matériaux finissent en incinérateur ou en décharge.

Il vaut mieux rechercher une forme de recyclage de haute qualité : le surcyclage. Les matériaux surcyclés conservent en effet leurs propriétés d’origine et peuvent servir d’alternative équivalente aux matières vierges dans le processus de production. De cette façon, une boucle continue peut être créée : les matériaux peuvent être recyclés encore et encore. Les déchets n’existent plus, pour ainsi dire…

Aujourd’hui, cependant, le surcyclage n’est pas encore évident. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que l’on combine différents matériaux dans un même produit. Les fondateurs de Cradle to Cradle ont surnommé ‘Hybrides monstrueux’ une partie de ces produits, dans lequel des matériaux du cycle biologique et du cycle technique sont mis en œuvre pour obtenir un matériau ou un produit. De telles combinaisons compliquent considérablement le processus du surcyclage. C’est le cas des panneaux composites où, à cause du mélange entre matériaux du cycle biologique et matériaux du cycle technique, les premiers ne peuvent pas se biodégrader en toute sécurité et les seconds ne peuvent pas connaître un recyclage de bonne qualité. Quant à la combinaison de deux matériaux issus du cycle technique, elle peut également entraîner une perte de valeur dans une seconde vie. L’utilisation d’un matériau homogène dans un produit, comme les granulés de liège expansé par exemple, est donc recommandée.

Une deuxième raison est que le produit peut en soi être recyclé qualitativement mais, en raison de la façon dont il se connecte à d’autres produits, il ne peut jamais atteindre la qualité d’origine. Pensez aux résidus de colle qui empêchent le matériau homogène d’origine de rester pur. Les produits homogènes doivent donc être connectés de manière réversible, afin que les produits soient toujours homogènes après utilisation et qu’un processus de recyclage de haute qualité soit encore possible.

De plus, il est important de savoir, après utilisation, à quels matériaux on a à faire. L’identification des matériaux utilisés est donc de la plus haute importance. De cette façon, le bon processus de recyclage peut être lancé et les matériaux fabriqués à partir de la même matière première peuvent être retravaillés ensemble en de nouveaux matériaux. Ces données d’identification sont non seulement importantes pour le recyclage, mais également pour la réutilisation normale d’un produit. Si l’on ne dispose pas de la documentation nécessaire sur les propriétés du produit que l’on veut réutiliser, il est difficile de dire quoi que ce soit de significatif sur sa qualité (restante). Pareil lorsqu’on veut savoir si le produit répond (encore) aux normes en vigueur en matière de sécurité incendie, d’hygrothermie, d’acoustique ou de sécurité. Ces informations doivent donc être disponibles pendant toute la durée de vie du produit, par exemple dans un passeport matériaux. Le concepteur doit également veiller à ce que le produit puisse être démonté rapidement et sans dommage de manière à préserver les éléments de construction environnants.